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Réponses au courriel

13 Juin 2010: J'ai rencontré récemment plusieurs personnes poursuivies par les traces de vies où elles avaient fait bouger les lignes de l'ordre cosmique de manière négative...

5 Sep 2009: oui, bien sûr, l'éveil ne peut pas être poursuivi. Ce n'est pas l'éveil qu'il faut poursuivre, c'est trouver un sens à son existence, et faire fructifier ça...

Mai 2009: Simultanément, et par deux sources différentes, j'ai appris les résistances «certifiées conformes» de personnes faisant «autorité» en matière spirituelle, concernant Sri Aurobindo, c'est-à-dire le supramental.

14 Novembre 2008: j'ai la surprise de voir que tu m'opposes une vision qui te permet somme toute de passer à côté de ce que représente le supramental....

31 Juillet 2008: je me suis permis de créer un néologisme dans mon journal, pour désigner ce qu'on appelle en philosophie une vision du monde, et le mot que j'ai trouvé constitue une caricature phonétique du terme allemand, dont je n'arrive jamais à me souvenir...

12 Mai 2008: La réussite semble jalonner l'itinéraire dans tous les chemins convenus. Mais il est un domaine où c'est l'échec qui mène à la destination, car le vieil homme doit échouer à se perpétuer lui-même, et il veut survivre...

21 Février 2008: Mutation génétique: Physiquement, cela traîne un peu, j'ai encore des quintes de toux, mais elles s'espacent, et je me sens vraiment bien intérieurement, elles n'ont pas fait cesser l'effet qui s'est produit depuis le début de l'année....

11 Décembre 2007: Quelques personnes m'écrivent et ont le courage de m'avouer qu'elles souffrent. La seule chose que l'on sache vraiment sur la souffrance, c'est qu'on ne l'a pas demandée...

4 Avril 2007: Bien sûr, l'idée que quelque chose a été twisté pour nous priver d'une évolution divine naturelle a déjà été formulée, et cela semble vrai. ...

21 Juin 2005: C'est inutile de cultiver une confusion entre les voies spirituelles, et bien qu'il y ait dans le bouddhisme des vérités...

































































Courriel: 13 Juin 2010

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Pardon et karma.

 

 

J'ai rencontré récemment plusieurs personnes poursuivies par les traces de vies où elles avaient fait bouger les lignes de l'ordre cosmique de manière négative, et elles me permettent donc de faire cette mise au point pour tous.

 

Je vous rappelle donc que le Divin se moque du karma, et qu'il suffit simplement de se libérer des conséquences négatives que des actions mal orientées ont produites. Il s'agit là de lois purement physiques, une question de balance, et le souhait de réintégrer l'ordre cosmique — de par lui-même seulement — engendre une rectification et une libération suffisantes pour libérer du passé. Je ne reviendrai pas sur le problème insoluble de la réincarnation. Ceux qui ont lu René Guénon ont sans doute compris que ce n'est pas notre propre sentiment du moi actuel qui bondit de vie en vie, mais un principe très profond, qui à chaque existence « part avec une nouvelle donne ». Personne n'a jamais pu « théoriser » ce que l'être psychique risque ou récolte quand il tombe dans la matière, ni les moyens dont il dispose vraiment pour n'agir qu'en fonction du Divin. Néanmoins, que ce soit Edgar Cayce ou Mère, ou d'autres, des témoins nous renseignent, et il n'est donc pas exclu qu'une recherche spirituelle intense fasse déboucher spontanément sur des résidus de passages de l'âme.

 

La plupart du temps l'ordre cosmique a été dévié par des personnes qui n'avaient pas vraiment l'intention de le faire, qui ont été influencées, ou même qui croyaient défendre des valeurs à travers des actes impies, cruels ou destructeurs. Comme l'intention est la véritable réalité, et que le fait n'est que son image et son reflet, il n'est pas si difficile que cela de venir à bout de « mauvais karmas », s'ils sont le fruit de l'ignorance plutôt que de la volonté de nuire.

 

En revanche, les habitudes passées qui ont permis de se fourvoyer dans les postures de l'âme prises dans d'autres existences, peuvent revenir et se manifester sous forme de résistances au surendder, et saboter la démarche évolutive. Si la culpabilité se présente, elle ne doit servir qu'un moment à rectifier le tir, et puis elle peut se dissiper et disparaître. Le Divin est fait de sincérité en quelque sorte, et Il se met à jour Lui-Même dans l'amour et le discernement, aussi toute culture de l'auto-flagellation, sous quelque prétexte que ce soit, ne sert pas le projet d'émancipation divine. La lassitude, le renoncement, le désamour de soi peuvent aussi tenter de barrer la route à une vraie démarche holistique consciente, dès que l'on subodore qu'à certains passages, l'âme n'a pas trouvé son chemin, mais cette procédure est fausse, et provient du tamas universel, dont le rôle est de s'emparer des mouvements obscurs pour immobiliser la sadhana.

 

Des accidents ont pu laisser des traces également, et leurs résidus psychologiques peuvent apparaître à l'occasion de crises profondes et les aimanter. Des décès difficiles, des persécutions, des sentiments de déni de l'existence au moment de mourir sont des événements qui ont pu être enregistrés, et qui du fond du subconscient peuvent parfois venir troubler la sensation du présent. (Expérience personnelle avec Chiron au cours de consultations d'astrologie).

 

De nombreuses forces spirituelles se déversent encore aujourd'hui sur la terre, et il est facile d'être pardonné par l'univers, en quelque sorte, dès que le projet de le servir l'emporte sur les ambitions personnelles. Il n'y a donc pas de « pénalité karmique » au sens juridique du terme. Mais le fait de s'être égaré au cours d'un ou plusieurs passages dans la vie, joue comme une mémoire d'inertie, qui complique la réintégration dans une voie conforme à l'ordre universel. L'aspiration à être et à servir le projet évolutif permet de rétablir le vrai chemin, dans un abandon supérieur au Divin, soit un renoncement plus conséquent à ses propres prérogatives personnelles.

 

Certains me demandent ce qu'il faut « faire » pour venir à bout du passé karmique. Justement ce sont des âmes qui se sont perdues dans une surabondance d'actions, de projets, de coercitions sur les autres, d'ambitions et de conquêtes, bref d'adhésions suspectes au non-moi qui devait se plier et tomber sous leur coupe, et ces personnes-là peinent à comprendre que le vrai positionnement spirituel se situe en amont de toute procédure, et qu'il doit se confirmer fermement par rapport à lui-même, avant de s'aboucher à des réponses ou solutions, soit des « actes ». Ces personnes pour se libérer du karma doivent se libérer de la hantise de « savoir répondre » immédiatement, en s'enracinant dans le souhait de découvrir une intégrité supérieure, au lieu de rapidement appliquer des recettes.

 

Ce souhait reste indépendant de toute manœuvre, doit grandir, s'affirmer et servir la volonté de conscience. Tout stratagème pratique immédiat permettrait de se donner le change, de prolonger une stratégie usée sans s'en rendre compte, avec une nouvelle sorte de contrôle, mais sans le recul nécessaire pour que le moi prenne enfin ses distances avec le samsara et l'événementiel, tout en acceptant davantage le champ unique de la réalité, et les contraintes qu'il peut exercer sur le sujet.

 

S'ouvrir sans idée d'aboutir, tout en pratiquant une attention spontanée, qui libère des anticipations utilitaristes.

 

Ce souhait divin, solaire, cette promesse d'intégrité à découvrir, concerne le dialogue du moi avec lui-même, et impose tout d'abord une rectification de l'image de soi, avec une période où l'ancien se quitte sans que rien de nouveau et rassurant n'apparaisse immédiatement. C'est le seul moyen de ne pas perpétuer, sous une nouvelle forme, un système d'appropriation du réel, si subjectif qu'il risque d'empêcher le vrai processus : la « ramification » au soi, à l'être psychique, jusqu'au Divin transcendant et matériel, le Supramental.

 

De même qu'il est loisible d'être pardonné en ce moment, le repentir ne pouvant prendre la forme que d'une aspiration passionnée à recouvrer le Principe supérieur, il est possible, en sens inverse, de pardonner aux autres, ou à la vie, d'avoir péri par le passé à cause d'une injustice, d'un processus historique écrasant, guerre, inquisition, émeutes, ou d'un accident mortel pur et simple.

 

Le subconscient obscur et négatif opère parfois à travers des processus chimiques et il tâche de ramener le moi dans une position de repli ou de doute, de tristesse ou de rejet de l'existence, qui semblent n'avoir aucune cause. Différents moyens sont possibles pour contrer ces manifestations, après les avoir acceptées, car il est finalement plus court de les intégrer et de les dissoudre, que les rejeter avec violence, sans les reconnaître vraiment, ce qui ne suffit pas à les écarter. L'esprit du moment, le je, peut toujours aspirer au Divin et tirer le moi blessé, le mental peut positiver le moment, quoi qu'il se passe, quitte à à ne pas renchérir sur la souffrance provisoire, mais le retour à l'état sain est rarement immédiat. C'est à chacun de trouver à travers ces obstacles un chemin rendu plus conscient par les difficultés. Il s'agit de comprendre qu'il est nuisible « d'en vouloir » aux autres, à soi-même, ou à la vie. Cultiver l'ombre ne mène à rien. L'humanité est l'esclave des forces adverses, parce qu'elle ne parvient pas à dépasser la rancœur et le ressentiment.

 

C'est par la rancœur et le ressentiment que notre espèce est retenue dans l'ignorance. Il est peu probable de pouvoir accéder à la cinquième dimension, ou à une terre nouvelle si l'on préfère, ou à une incarnation tournée naturellement vers le Divin, si l'on tolère de s'adonner — quel qu'en soit le prétexte — au ressentiment.

 

S'il surgit donc du subconscient et s'empare du moi dans des récriminations logiques, il doit seulement amener des décisions, des prises de position nouvelles, bref, des libérations dans le quotidien, et c'est là son seul rôle. Etre complice du ressentiment, c'est cultiver le mal en soi-même. Jésus, le Christ l'a déjà établi.

 

Le pardon n'est pas un acte moral, mais un processus d'évolution psychologique qui éclaircit le mental et la mémoire et « passe l'éponge », et cela libère de nombreux mécanismes lourds et archaïques, ceux qui perpétuent la subpersonnalité de la victime. Le besoin de vengeance, soit le désir de faire du mal à l'autre SOUS PRÉTEXTE QU'IL LE MÉRITE... est profondément enraciné et cela peut se traduire, sous forme passive, en souhaitant des difficultés à ceux qui entretiennent avec nous des relations conflictuelles.

 

Venir à bout des survivances dynamiques de protection constitue une étape nécessaire pour incarner la nature du Spirituel, qui possède par essence le pouvoir de libérer de tous les obstacles contingents, en permettant une nouvelle approche. Se protéger concrètement des autres est possible sans les charger d'opprobre, de haine, et sans les rendre responsables de notre malheur. Or, comme les personnes évoluées suscitent facilement des réactions et des jugements de valeur négatifs, cela fait partie de leur dharma de les supporter sans répondre avec les mêmes forces négatives. Naturellement, plus nous aurons dépassé la demande d'approbation, la survivance dynamique type associée au pouvoir planétaire de Vénus, plus nous saurons accepter d'être mal jugés, incompris ou rejetés. Les survivances dynamiques yang attirent les survivances dynamiques yin, et vice versa. Entre les deux extrêmes, soumettre ou se soumettre, existent de nombreuses possibilités d'échange, et plus le moi est intègre et doté d'une image de soi fidèle à ce qu'il est, moins les manipulations des autres ont de pouvoir. Nous en revenons donc à la question essentielle : se voir soi-même en se libérant des images que les autres entretiennent à notre endroit, et qui peuvent fausser notre propre regard intérieur.































Courriel: 5 Septembre 2009

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Cher D,

oui, bien sûr, l'éveil ne peut pas être poursuivi. Ce n'est pas l'éveil qu'il faut poursuivre, c'est trouver un sens à son existence, et faire fructifier ça. Oui, il n'y a que des concepts avant que l'on bascule de l'autre côté, les concepts ne mènent pas à la réalité, il est inutile d'opposer la vérité à l'illusion, sauf si cela se passe au plus profond, et que c'est le besoin de vérité qui se manifeste de façon vivante, et pour ça, les mots ne suffisent plus. La libération n'est pas une idée, c'est un état qui se manifeste, et qui tranche avec le passé. Mais les maîtres s'amusent avec des paradoxes, ce qui ne facilite pas le travail.

Laisser croître le besoin intérieur de savourer tout d'un seul tenant, c'est aussi une voie sans concepts, qui peut être très intime. Ne rien savoir, oui, c'est vraiment excellent. Ne rien savoir, et laisser monter l'amour pour le tout. Ne pas s'emberlificoter dans des paradigmes. Néanmoins, méditation quantique est pratique, et permet à certains une avancée libre. Ne doutez pas de vous par complaisance, si le spirituel vous embarque. Toute vie est inestimable, et la vôtre n'a pas être jugée de "pas cher".

La libération, avant son expérience, est en effet un leurre, un signifiant vide de sens, néanmoins, passer de l'autre côté constitue une sorte de récompense pour ceux qui aiment vraiment, humblement, l'univers dont ils procèdent.

Il n'y a pas à sortir du fait que vous êtes vivant et que vous pouvez en tirer quelque chose qui ne ressemble qu'à vous-mêmes, à condition de vous accepter, et d'accepter aussi les difficultés qui vont avec.

Cordialement,

Natarajan































Courriel: Mai 2009

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Chers internautes. 


de nouveaux contacts, fort peu nombreux au demeurant, se confirment régulièrement grâce à l'adresse de rencontre. Simultanément, et par deux sources différentes, j'ai appris les résistances «certifiées conformes» de personnes faisant «autorité» en matière spirituelle, concernant Sri Aurobindo, c'est-à-dire le supramental. Je dois donc répondre, puisque, pour tous ceux qui n'ont pas encore trouvé l'autorité en eux-mêmes (ce qui s'explique pour les adolescents), la tentation est claire de passer par un intermédiaire en qui ils puissent avoir confiance, et justement, parmi les «maîtres» ou prétendus tels, il n'y a pas d'unanimité sur Sri Aurobindo. Il est d'ailleurs réfuté pour deux raisons différentes, chacun voyant midi à sa porte. 


Premièrement, étant donné la puissance du supramental, ce n'est pas une désinformation experte qui peut l'empêcher de se manifester. Deuxièmement, les réticents font quand même «du bon boulot» s'ils sont sincères dans le rejet du supramental et qu'ils proposent néanmoins une véritable ascèse spirituelle. C'est le cas d'Arnaud Desjardins, qui reste convaincu que Sri Aurobindo n'a pas été libéré du mental, ce qui ne peut constituer qu'une croyance, contre l'avis de Sri Aurobindo lui-même. Notre maître a pourtant expliqué de long en large et en travers que la vie spirituelle ne pouvait se limiter ni à la recherche ni à l'obtention du soi impersonnel, soit cette fameuse «libération du mental», mais comme dit le proverbe, il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et dans la mesure où la libération constitue déjà un but exhaustif, dans le sillage de Bouddha, de Sankara, de Ramana, on peut effectivement rejeter le supramental, et l'idée d'une spiritualité qui dépasse cet objet, tout en restant parfaitement dans la ligne du spirituellement correct, d'un point de vue universel. C'est le problème de Desjardins de s'avancer comme s'il possédait la vérité ultime, qu'il appuie sur le passé, incapable d'admettre qu'il «peut se passer des choses nouvelles», y compris dans le domaine spirituel. Il aurait été beaucoup plus adéquat pour lui de dire qu'il se contentait de la voie traditionnelle, ce qui est déjà exemplaire et rare, que de réduire Sri Aurobindo à une sorte d'imposteur à l'insu de son plein gré. En effet, dans la mesure où Sri Aurobindo a affirmé être parvenu à la libération avec Lele, ne pas lui reconnaître cette obtention, c'est, soit le traiter de menteur, soit de débile, un débile qui aurait «cru» se libérer, mais se serait trompé. Et bien sûr, le cinéaste Desjardins, du haut de ses voyages à l'affût de la transcendance exotique, saurait se prononcer sur cette question, cautionné par ses déplacements et ses rencontres. Il aurait raison contre huit millions déjà, d'êtres humains, totalement stupides, qui se seraient fait rouler dans la farine par le révolutionnaire de Pondichery, recyclant ses frustrations politiques dans une mystique prophétique sans fondement. Dans ce monde où je me tue à révéler que l'hétérogène et l'homogène restent proportionnels jusqu'à certaines formes d'éclatement (ce qui se prépare peut-être) il n'y a strictement rien d'anormal à voir un initié, ou prétendu tel, rejeter Sri Aurobindo, trop large pour entrer dans les anciennes théories du Spirituel. Mais cela n'enlève rien, sans doute, à la qualité du travail de notre Arnaud national, qui représente quelque chose qui me semble parfaitement authentique. Mais qui n'a peut-être pas la capacité de déceler l'authentique dans toutes les formes où il se manifeste, dans la mesure où il demeure profondément attaché à ce mythe de la libération du mental, auquel il ramène toute démarche. C'est une erreur d'appréciation tout à fait pardonnable, car je le répète, le supramental décoiffe beaucoup les crânes rasés de ces petits hommes rivés à leur tradition, et qui n'ont toujours pas eu l'illumination rédemptrice, celle qui révèle que la vie ne peut pas en rester là. Il faut aller chercher cette illumination dans des lieux déserts, ou désertés, ou inconnus, comme Satprem a pu le faire pendant la période du nazisme, comme je l'ai fait moi-même à six ou sept ans, quand mon père m'indiquait avec complaisance les supplices infligés à la libération, à des innocents, ce qui m'a immédiatement permis de ne me consacrer qu'à la recherche de la vérité, et prendre Dieu à témoin de l'imperfection du monde, jusqu'à ce qu'Il me rende des comptes avec le Supramental. Sri Aurobindo a reçu l'impact de l'âme de l'Inde, à son retour d'Angleterre, et il a lui aussi jugé naturel de se consacrer à ce que cette âme reprenne possession de sa terre, ce qui s'est traduit par une volonté farouche de décoloniser sa patrie, processus logique pour un adolescent particulièrement noble et intelligent, qui ne cherchera jamais le salut spirituel pour lui-même.  


Des êtres humains peuvent partir dans cette direction, le statut décevant de la terre, et parvenir au spirituel de cette manière-là, sans jamais essayer de tirer leur propre épingle du jeu, sans vouloir la réalisation, sans chercher quoi que ce soit de personnel dans le don de soi à la réalité. Il faut d'ailleurs rappeler que c'est ainsi que Gautama Bouddha s'est mis en marche, étonné par la souffrance, et que c'est de surcroît que l'illumination lui a été donnée, alors qu'il ne la cherchait pas pour lui-même. Puis il a tâché d'en faire le moyen de libérer l'humanité, mais seules quelques lignées, en Chine et au Tibet, ont perpétué sa véritable intention. Peut-être qu'Arnaud n'a pas encore envisagé que certains êtres ne recherchent pas la libération, parce qu'ils n'ont pas assez de convoitise personnelle pour prendre au sérieux cette ascèse, qui ne concerne que le petit moi face à l'immense univers, avec le culot de considérer la vie comme une illusion dont il faut s'échapper. Et comme ils ne la cherchent pas, la libération, quand ils la trouvent, ils n'en font pas des choux gras, tel Sri Aurobindo, qui a juste annexé le silence mental à ses précédentes réalisations. Desjardins n'a peut-être pas non plus admis qu'on puisse bénéficier de la libération du mental sans l'avoir cherchée. Vu l'obstination qu'il y a mise lui-même, on peut comprendre qu'il soit jaloux d'un Sri Aurobindo ou d'un Natarajan à qui la chose a été donnée, alors qu'ils étaient encore jeunes, parce qu'ils poursuivaient un but supérieur. (Ce but n'étant pas consigné dans les Écritures saintes, il demeure douteux pour les petits comptables économes de la vérité). Cela se produit aussi chez des mystiques et chez certaines personnes qui ne parviennent pas à s'intéresser à elles-mêmes, et pour qui un jour ou l'autre, le voile se déchire quand même, l'ego étant resté entièrement naturel et spontané, sans aucune ambition — soit le contraire de ce qu'on trouve chez beaucoup de «chercheurs», disons même presque tous, souvent imbus d'eux-mêmes jusqu'à parier leur propre salut sophistiqué contre le sens ultime de la vie, si l'on a l'humilité d'aller voir de plus près ce qu'elle recèle. L'éveil, je le répète, se passe la plupart du temps après une annihilation de soi drastique, comme un oignon qu'on ne cesse de peler (et d'ailleurs l'anima pleure souvent sur la voie, mais l'animus la console) que peu parviennent à mener à bien parmi les nombreux candidats. (Il y a peut-être d'autres méthodes, chaque cas particulier l'emportant sur toute réduction de la théorie à de grands principes). 


Bref, ce Monsieur voudrait encadrer le réel dans son dogme, en bon occidental qui doit rester sûr de son fait et «maîtriser», et comme chacun sait, dès qu'on cherche à défendre sa propre cause, on tombe comme par hasard sur ceux qui voient la même chose, et l'on se sent rassuré par les mêmes références, qu'on accumule entre soi et ses contradicteurs, comme une haie de boucliers. Beaucoup de maîtres n'ont donc pas encore intégré la venue de Sri Aurobindo, et au lieu de le reconnaître, ils préfèrent le rabaisser. Ce n'est pas mon cas, mais je reconnais que j'ai failli rejeter Sri Aurobindo, alors que j'étais déjà libéré, tant il allait «loin». Et au risque de me répéter, je rappelle qu'il m'a semblé que la synthèse des yogas était écrite spécialement pour moi, puisque, chaque fois que je me permettais de trouver quelque chose qui manquait, ou qui ne s'accordait pas au reste, le paragraphe suivant, mon objection tombait sous le coup d'un nouveau commentaire. La synthèse des yogas a donc été un tournant important dans ma vie, puisque cela m'a confirmé que l'humanité trouverait un jour le moyen de s'en sortir, grâce au supramental, que j'ai continué de trouver effectivement hors de portée, tant l'écriture qui l'évoquait dépassait tout ce que j'avais jusqu'à présent connu en matière spirituelle. Depuis un an à peu près, j'avais déjà constaté que «ma» propre libération n'avait strictement aucun pouvoir autour de moi, sinon celui de me faire rejeter, et au lieu de la considérer comme importante, je poursuivais une sadhana dans le sommeil, qui est d'ailleurs toujours à l'ordre du jour. Selon une médium qui travaille avec les maîtres ascensionnés, je serais allé jusqu'au soleil central en 2007, sans le savoir, comme Monsieur Jourdain faisait  la prose. Je me suis alors souvenu d'une expérience vraiment extraordinaire, d'ailleurs la seule du genre, et toute récente. Une nuit, mon corps avait d'abord tout juste résisté à l'énergie avec laquelle il est entré en contact, et qui n'avait rien à voir avec quoi que ce soit d'expérimenté avant. Puis j'ai vu la terre de loin, de la taille d'une orange, et il m'a été alors révélé que les forces hostiles s'acharnaient sur le Darfour et la Somalie, pour retarder l'essor spirituel de la planète. Je suis certain que ces expériences que je ne décide même pas, jouent un rôle important dans ma vie, et ponctuent certaines phases de l'avancée de la conscience dans l'humanité... Si la conscience se développe naturellement, les contorsions obligatoires imposées aux adeptes des «voies spirituelles» devraient se réduire, et c'est le but que poursuivent les plus grandes entités du monde lumineux : infuser la conscience dans l'atmosphère, et permettre un développement spirituel spontané, en soustrayant à la matière son caractère adverse. Les maîtres du soi ne poursuivent donc pas les mêmes buts que d'autres êtres aussi évolués qu'eux, voire davantage, qui ont trahi le paradigme archaïque du classicisme spirituel, dans lequel la matière, et dans la foulée la vie, étaient irrécupérables. 


Dans ce contexte d'urgence, je ne peux que rabâcher que toutes les voies sont excellentes si l'on est sincère et qu'il faut seulement rester simple dans son axe, et accepter les autres sans les détourner de leur voie, s'ils sont bien ancrés, et je rappelle donc que l'illusion de la diversité des voies a d'abord été balayée par Sri Aurobindo dans la synthèse des yogas, avant que je ne traite avec l'économie qui m'est coutumière la question, dans les deux textes les plus récents du site. Il est donc possible aujourd'hui de trouver sa propre voie, entièrement informelle, plus inclusive que celles qui restent attachées à une forme (zen, hindoue, christique, etc.) et cela nous donne une sorte de longueur d'avance qui est parfois difficile à partager. Il reste donc le problème de la complaisance, bien entendu, et souvent l'on tombe sur des individus qui ne veulent pas voir ce qu'est le yoga en face, et qu'on ne peut pas aider en les approuvant sur toute la ligne. Si on les critique, ils se retournent contre vous, alors qu'ils en ont plein la bouche de l'amour, de la fraternité, de l'ouverture, etc., et ils ne se rendent même pas compte de leurs contradictions, et préfèrent la blessure narcissique à reconnaître leurs erreurs. Ils veulent trouver des offenses, là où un conseil est donné, ou là où une vérité qui leur échappe est révélée, et il faut passer sa route, avec un ami en moins, ou un compagnon de route qui ne suit pas. Comme rien ne dit pour autant qu'ils doivent s'aligner sur notre vision, même plus avancée, la période est-elle délicate entre chercheurs, et il est par exemple certain que les forums du web servent autant à diviser qu'à rassembler, l'homogène et l'hétérogène y faisant leurs petites affaires en s'en donnant à cœur joie, nouvelles chapelles, excommunications propres sur elle, et baptêmes cosmiques en petites bandes organisées. (Ce n'est pas une raison pour renoncer à communiquer, loin de là, mais c'est maousse-costaud de reconstituer à qui on a affaire en repartant du texte d'un inconnu, qui oscille entre le vomi certifié conforme et l'exaltation maniaco-dépressive, sur fond souvent d'une auto justification éclairée. Bon entraînement de se connaître l'un l'autre à travers des mots, bon courage à tous pour les prises de position etc.) 


Et il me semble que sauver la terre est plus important que chercher sa propre libération, mais les deux choses sont heureusement loin d'être incompatibles. Il faut rester ouvert à tous sans se compromettre. (Un exploit de plus à réaliser, yes, we can). La vie spirituelle a totalement changé, car la terre est à nouveau l'enjeu de forces divines et anti-divines, ce qui d'un seul coup d'un seul, relativise énormément la question de savoir si moijepersonnellement va enfin parvenir à la libération. Pourtant, c'est la bonne solution, évidemment l'éveil, mais si c'est pour se fermer à la terre, sous prétexte que tout est samsara sauf le soi, c'est entièrement dépassé. Ce n'est pas de ma faute. Cette vérité «traditionnelle» est tombée, qu'elle soit employée par les orientalistes à la Desjardins ou certains gnostiques chrétiens qui croient la vie «irrécupérable», et s'imaginent lucifériens les avatars de Pondichery.  


Ce n'est pas comme cela qu'elle apparaît avec le Supramental, et nous sommes déjà quatre êtres humains à avoir renversé l'orientation spirituelle «traditionnelle» pour la ramener à la vie, avec un pouvoir supérieur à celui des dieux (le fameux «Dieu créateur» de par vers chez nous, avec Christ et ses anges, et la ribambelle d'Immortels en inde, Shiva, Durga, etc...). Le supramental vient d'au-dessus de ces créatures, et quel que soit le rôle qu'elles ont à jouer, il ne peut en aucun cas infirmer la pure consécration au Divin, pour qui le souhaite, et veut aller au bout de lui-même, sans se sentir un petit pion sur l'échiquier du bien et du mal, dont on s'arrache le suffrage, quand il se renseigne à droite ou à gauche pour entrer dans un cercle soi-disant initiatique. 


Mère

L'agenda,  (institut de recherches évolutives.)

Sri Aurobindo

La manifestation supramentale (Buchet-Chastel).

Satprem

Sri Aurobindo ou l'aventure de la conscience (Buchet-Chastel).

Natarajan

Feuille de route pour l'Apocalypse. Supramental.fr 


Je ne cherche donc pas à démolir Monsieur Desjardins (ni aucun mouvement fermé à haute prétention initiatique, chacun doit garder le magasin pendant l'enterrement des illusions), mais à relever une erreur, et je n'infère rien de ce qu'il est ou de ce qu'il fait, à partir de cette erreur. Il se trompe, et cela ne m'autorise pas à mentionner autre chose que cette erreur, autre chose que ses limites donc, et il conserve donc toute mon estime. Je ne le connais certes pas, mais lui signale seulement qu'il peut réviser son jugement, sans déchoir. Il demeure pour moi un exemple, même si certaines choses lui ont échappé. D'où la nécessité de défendre ma sincérité, face à d'autres sincérités peut-être, mais différentes. Il s'agit d'une mise au point, sans grande importance, mais qui me concerne directement, puisque certains internautes me demandent de me prononcer sur les «dénis» dont Sri Aurobindo est l'objet, dans le petit cercle quelquefois prétentieux des «instructeurs.» 


Certains mouvements transcendantalistes, ou en tout cas certains de leurs leaders, laissent entendre que Sri Aurobindo est «luciférien», ce qui est absurde, puisque, déjà, cela voudrait enfermer toute la tradition de l'Inde plusieurs fois millénaire dans le local confiné s'il en est, du judéo-christianisme. C'est aussi idiot que reprocher à un chinois de manger avec des baguettes,  sous prétexte que nous avons des fourchettes. Mais certains amoureux des fourchettes ne supportent pas l'idée qu'on puisse manger avec des baguettes, surtout si c'est chez eux, et qu'ils se rendent compte que c'est plus compliqué qu'utiliser cet instrument barbare avec des dents de fer, qui reflète bien à lui seul l'âme blanche générique, elle qui n'a pas cessé de tout écraser sur son passage depuis belle lurette, et qui continue à le faire, même d'une manière fort subtile au demeurant, en prêchant la supériorité absolue du petit dernier, le Christ révélé par Jésus. Il s'agit là d'un racisme transcendantal, «Dieu est meilleur chez moi que chez toi», tout simplement abject, que certains pseudo-maîtres veulent entretenir, sans doute pour tenir leurs ouailles, ce qui est bien naturel. Étant donné que l'Inde possédait déjà des milliers de sages, des dizaines de lignées d'initiation quand Jésus a fait parler de lui, il est particulièrement déroutant de voir le mépris dans lequel certains êtres humains, incapables de dépasser la conscience du territoire, accordent à tout ce qui n'est pas de chez eux, tandis qu'ils prétendent, sans vergogne, «chercher la vérité». Ils la cherchent là où ils ont décidé de la trouver, comme Nasruddin cherche ses lunettes sous le réverbère, parce qu'il y a de la lumière, alors qu'il sait qu'elles sont dans le noir, mais il ne veut pas tâtonner. Chercher la Vérité implique une conscience terrestre et non seulement locale, la plus haute vérité ne peut être qu'universelle, elle ne peut que dépasser les particularismes. S'inféoder à une seule autorité qui abolirait les autres, cela ne peut en aucun cas passer pour de la recherche de la vérité. Voilà pourquoi j'ai été si sensible à l'œuvre de René Guénon, dès que je l'ai découvert, puisqu'il a mis les points sur les I à tous ceux qui vivaient dans l'illusion d'être meilleurs que les autres parce que leur voie semblait la plus vraie. Il a osé reconnaître de l'initiation, sans doute grâce à un de ses premiers maîtres, en Chine, aussi bien qu'en Inde, sans dévaloriser pour autant l'initiation occidentale, chrétienne et soufie en particulier, et l'on pouvait donc croire que ses quelques coups de sabre dans la bêtise dévote et l'intellectualisme ésotérique local et fier de l'être, permettraient d'en finir avec l'intégrisme spirituel, le Christ ou rien, le Soi ou rien, l'Inde ou rien, le zen ou rien, Sri Aurobindo ou rien, etc...Mais tous les mouvements dont les bases ne sont pas solides, doivent, pour se maintenir, démolir les bases d'autres mouvements, pour s'autoproclamer les meilleurs par une sorte d'élimination progressive de tentatives similaires, (qui permettent en fait les mêmes avancées, quand l'engagement est réel). Cela arrive parfois même à des individus qui se disent éclairés et qui ne peuvent, pour faire prévaloir leurs ultimes visions ordinaires, que vous interdire d'en avoir des équivalentes ou supérieures, dès que cela vous saute aux yeux que ce n'est pas vraiment l'ultime sommet qu'ils ont franchi. Il faut en revenir au bon sens, admettre qu'il est d'abord naturel d'étudier les modalités de la transcendance qui tombent sous le sens, chez soi, puis d'aller puiser ailleurs les mêmes préoccupations, et c'est dans cet élargissement qu'on se libère des formes de la pensée, des carcans des dogmes, des rituels subtils, puis qu'on découvre que les plus grands sages reconnaissent une identité de fond dans des formes différentes, presque opposées parfois, tandis que ceux qui restent enlisés dans la pensée ne jurent que par leur Église, ne parviennent qu'à cautionner leur propre mouvement, sans se douter que les mêmes biens spirituels peuvent découler d'une autre démarche.  


J'invite donc ceux qui m'interpellent pour que je me prononce sur les «voies», à relire attentivement mes œuvres, dans lesquelles je les relativise, afin d'établir définitivement que c'est l'engagement qui est important, et non la prétendue qualité du chemin. Dès que la «voie» creuse des ornières, elle ne peut plus être la voie qui mène au principe éternel, dès que la voie peut être «énoncée», elle ne peut déjà plus prétendre embrasser le Tao, sans limites, ni dans le temps ni dans l'espace.  


Ceux qui pour instituer leur voie comme unique et supérieure sont obligés d'en démolir d'autres, cherchent surtout à maintenir leur mental dans des repères étroits, en le faisant ronronner sur des principes rassurants, et comme par hasard locaux, ou patinés par trois mille ans d'histoire, qui n'entraînent que des remises en question de surface. Quand il s'agit  d'abandonner toutes ses croyances, gnostiques ou autres, pour se retrouver soi, nu face à l'univers, face à soi-même, avec les craintes et angoisses devant le couple vie mort, il n'y  plus guère de «chercheurs», et c'est cela que les maîtres sont censés favoriser, non pas de trouver la meilleure rambarde le long du précipice, mais d'accepter de le longer, pas à pas, pour savoir de quoi il en retourne vraiment de notre petite vie qui nous est tombée dessus par hasard, parfois comme une merveille, mais quelquefois comme un cadeau empoisonné. Tandis qu'ils poursuivent désespérément leur «âme» avec leur tête, ce que l'on sait impossible en orient, et ce qui est la véritable leçon de l'Asie pour la terre entière, certains s'enferrent à obéir à des mythes, et à tout miser là-dessus, comme s'ils devaient jouer toute leur vie au casino le même numéro 8. Suivre le sens obligatoire certifié conforme d'une ascèse étriquée leur permet de rester des hommes ordinaires en s'imaginant le contraire, et en pavoisant, en réfutant, parfois amusés, toute vérité supérieure. C'est toujours ça de gagné, d'avoir une boussole qui indique le nord dans toutes les directions qu'on prend, on soumet même les orientations cardinales à son petit bon vouloir de chercheur endimanché, on finit drogué dans un imaginaire subjectif qu'on prend pour de la volonté divine. Et le mensonge s'en tire la tête haute, c'est le grand patron du supermarché du confort. 


Tout ça fondé sur quelque chose bien entendu, puisque ce sont des mouvements propres sur eux, et qui doivent donc appuyer leur rejet sur une argumentation. Et ils l'ont. «Spiritualiser la matière» leur fait peur, et ils ont ramené la vision supramentale à cette hallucination qui leur est propre, une matière qui se diabolise parce qu'on veut la «spiritualiser». Or, spiritualiser la matière est le cadet des soucis du supramental. Ce sera le résultat ultime d'un long processus de connaissance par identité, à vrai dire indescriptible, qui laisse loin derrière lui, aussi bien ce que procure le mental que ce que procure le Soi. C'est donc l'émergence du Divin primordial, en amont de celui de Jésus et du Christ. C'est le Divin originel, Satchitananda ou Purushottama, qui s'emmure dans la matière, mais qui est aussi, par l'invention magique du temps, l'énergie de l'univers, la Mère Divine. Cette réalité se situe bien au-delà du petit problème des démêlés entre un Dieu créateur et ses anges. Notre origine, trafiquée ou non par des Archontes, n'a rien à voir avec la splendeur du Suprême, au-delà de toute entité incarnée ou astrale, ou même divine, et nous pouvons nous libérer de cette obscurité même par le yoga intégral, sans avoir le moindre compte à rendre au dieu créateur, ou au Christ, n'en déplaise justement à ceux qui discréditent Sri Aurobindo parce qu'il déborde du plan judéo-chrétien, voire apocalyptique si l'on fait dans le secret. Et comme le dit Mère dans le second tome de l'Agenda, Sri Aurobindo, c'est plus qu'une nouvelle révélation, c'est l'Action directe du Suprême, soit quelque chose qui peut transformer à jamais l'évolution terrestre pour les millénaires qui viennent. 


Le pouvoir de la Mère divine n'est en rien comparable à celui du Saint-Esprit, ou de l'énergie-conscience Christ, du côté occident, comme il dépasse aussi infiniment le contact avec le Brahman, côté orient et libération du mental. Et il suffit pour s'en convaincre de lire l'agenda de Mère à partir de 1956, qui ouvre sur un champ si merveilleux et inconnu, et parfois redoutable aussi, qu'il est difficile de résister à l'impression qu'enfin tous les dessous des cartes sont dévoilés quant à la condition humaine. Et que c'est vraiment ce qu'on attendait tous, pour en finir avec les «fragments» se prenant pour le tout.  


Que des initiateurs prétendus tels veuillent se faire peur avec «la spiritualisation de la matière», c'est leur droit le plus absolu, et je leur sais gré de mettre en garde les néophytes contre les dangers des amalgames entre le spirituel et le matériel, où les forces diaboliques ont l'habitude de se cacher, mais cela ne les autorise pas à exécuter Sri Aurobindo, sous prétexte qu'une partie de sa doctrine semble dangereuse. Chacun peut suivre la voie qu'il veut, selon son cœur, et il n'y a pas d'ostracisme de mon côté. Comme Sri Aurobindo envoyait ceux qui se préoccupaient de la libération chez Maharsi, il m'arrive d'inviter mes correspondants à passer par d'autres traditions, si je sens qu'ils ne peuvent assimiler la vision supramentale d'emblée. Je n'ai pour ma part aucune réticence envers qui que ce soit qui suit une voie avec sincérité, et je suis même convaincu qu'il y a quelques maîtres authentiques à l'heure actuelle, qui travaillent correctement. En revanche, étant donné qu'ils n'ont pas besoin de Sri Aurobindo pour aider les autres, il est particulièrement suspect que certains prétendus instructeurs veuillent le «descendre», comme s'ils doutaient de leur propre chemin, et qu'ils ne puissent y croire qu'en condamnant un autre itinéraire, qui pourtant ne cherche pas à les contaminer.  


Il est aussi probable que des esprits lucifériens profitent de la révélation de Pondichery pour séduire des âmes nobles, puisque Sri Aurobindo leur a mâché le travail, en préconisant un rachat de la matière par elle-même, ce qui donne à la vie un prix que les traditions lui refusaient, justement parce que le Divin ne pouvait pas vraiment s'y installer. Mais c'est cela qui change, c'est-à-dire que les perceptions que le corps physique entretient d'habitude, peuvent se modifier sous l'impact de l'énergie spirituelle la plus élevée. Mère a commencé cela en 1956, Satprem l'a largement commenté, et l'expérience peut continuer (se méfier quand même des contrefaçons). Oui, le Divin est involué dans la matière, ce qui est difficile à comprendre, je l'admets, mais il y a bien une énergie fondamentale en perpétuel mouvement, dont la matière est un élément figé dans notre monde, mais qui est en réalité de la vitesse pure. Le supramental donne accès à cette interface, normalement interdite aux sens (comme l'infrarouge et l'ultra-violet sont interdits à l'œil). Le supramental  étend la conscience vers le haut, et ce faisant, il la fait descendre vers le bas, le subconscient, et encore plus bas, l'inconscient, qui remue, se débat, puis peut commencer à se transformer. Le supramental est parvenu jusqu'aux gènes dans mon corps physique, au moment de l'andropause, pour tenter de ralentir le processus de vieillissement, ce qui s'est traduit par de nombreux troubles puisque les gènes ont vomi nombre d'informations somatisantes, mais cela montre qu'une nouvelle «spiritualité» est en marche, comme Satprem a essayé de le démontrer en commentant les expériences de Mère. Mais n'enviez pas ce type d'expériences, je suis un rescapé, la mort a rôdé par trois fois, mais cette fois, c'est vraiment dans l'infinitésimal que le Divin est arrivé, et j'alternais entre les nuits d'horreur, une fois sur trois ou quatre, et des états de conscience incroyablement élevés pendant la journée (ce qui figurera sur le prochain site des amis de Natarajan). Cela m'a convaincu de la qualité extraordinaire de ce qui m'arrivait, mais qui m'a imposé un véritable enfer quand même. Les deux choses, les sommets et les abîmes étaient profondément reliés, et souvent je ne comprenais qu'après avoir vécu la chose. Un matin, mon corps était en quelque sorte la mort elle-même, on pourrait dire la mort vivante, et ce type de souffrance est entièrement inconnu, il n'y avait aucune mémoire de cet état-là nulle part, la souffrance était partout, dans les sens, dans  l'esprit, dans le vital, ce qui restait conscient était sans doute l'être psychique, le centre le plus profond, sans lequel j'aurais pu être anéanti. Il est clair qu'en traversant des choses comme ça, on sait par expérience que la terre est entrée dans un nouveau cycle de manifestation, et qu'il faut en quelque sorte, comme le dit Satprem, faire de l'évolution accélérée désormais. 


Cette ascèse est plus imprévue que ce que fournit l'illumination du Soi, ou que ce que donne le contact avec l'énergie-conscience «Christ», mais elle est pilotée par le Divin, et elle est supportable, même si des plongées dans la douleur l'accompagnent, car normalement un sens est trouvé derrière tous les événements, et l'énergie supramentale sait quand faire cesser son action ponctuelle avant de la reprendre un peu plus tard. Et je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que non seulement la libération et le contact avec Christ ne vont pas à l'encontre du supramental, mais encore qu'ils peuvent en être le marchepied, si le Divin le décide. 


Le supramental n'intéresse pas tout le monde et ne convainc pas encore beaucoup d'êtres humains, même prétendument spiritualisés. Ce n'est ni un démagogue, ni un démocrate. Dans un autre sens, il peut fasciner au point que certains prétendent en faire l'expérience, alors qu'ils s'abandonnent pour toucher toutes sortes d'énergies, dans une licence prise pour du non-agir, avec le risque d'attirer toutes sortes d'entités par leur acharnement à vivre du nouveau. Jusqu'à perdre même les repères qui demeurent nécessaires, pour finir dans des galimatias emphatiques, censés prouver au monde entier qu'ils sont devant, et que nul n'est jamais allé aussi loin. C'est dans l'ordre des choses de passer à côté ou de se perdre en chemin, parce qu'on cible d'une certaine manière ce qu'on croit être le spirituel, ce qu'on croit être la recherche de la vérité, ou ce que l'on croit être soi-même, et il est même probable que sans malveillance aucune, certains s'imaginent être en contact avec le supramental, alors qu'il s'agit d'autre chose. Ils auront plaqué ce mot alléchant sur une petite sortie hors du mental, pour l'expliquer, ou sur une sensation nouvelle dans le physique, pour lui donner un sens. Toutes sortes d'énergies peuvent avoir des répercussions dans le physique, en aval du supramental, comme par exemple les énergies tantriques, ou certaines lumières blanches du Surmental; qui n'ont pas encore la qualité propre au Supramental, tout voir, tout comprendre sans aucune division. Il y a même des énergies diaboliques très denses, mais assez fines, qui peuvent infester les chakras tandis que la victime s'imagine «recevoir de l'énergie spirituelle», mais il s'agit là de connaissances occultes que je n'ai pas à développer outre mesure. Ceux qui se laissent berner par des contrefaçons sont rarement de simples victimes. Il faut prêter le flanc pour être abusé, et ce sont souvent sur des contentieux karmiques que les fausses forces spirituelles s'appuient, tout en les renforçant. 


Aussi est-il difficile de limiter les voies, d'encadrer la vérité, ou de se prononcer sur le «niveau» des instructeurs. Mais avec l'honnêteté intellectuelle, on découvre qu'il y a toujours eu des initiés hors des sentiers battus, et on renonce alors à les enfermer dans un cadre, tout en éprouvant pour eux du respect, de l'amour, quelque chose de vrai et de pur, et l'on peut même leur concéder une supériorité qui n'est pas humiliante pour nous. C'est le cas des plus grands qui échappent aux critères, et qu'Arnaud, comme d'autres soi-disant instructeurs confits dans leur propre ligne politique, devraient aborder. Vivekananda, Ma Ananda Moyi, Sri Ramakrishna, Hallaj, Chaïtana, Mère, Sri Aurobindo, Amma, et même maître Eckaert, sans compter les rishis, auteurs des védas, font exploser les jardins à la française des braves petits maîtres comme Prajnanpad, par exemple, qui lui aussi passe à côté de Sri Aurobindo, la conscience bien tranquille du chef de rayon parfait, dédaigneux des étagères d'à côté. That's life. Quant à l'énergie du Christ, c'est certain qu'elle participe du Divin, au sens large, et non dans l'acception pure de Sri Aurobindo et de Mère, c'est une tentative parmi d'autres pour permettre à l'être humain d'évoluer, mais il faut vraiment avoir l'esprit étroit pour s'imaginer que quatre millions d'années d'évolution ne doivent mener qu'au Christ, ou qu'au Supramental, ou qu'au Soi (ou qu'à Lucifer), ou qu'à la mort pure et simple.  


Ou qu'il faut choisir sa voie.  


C'est idiot, car c'est l'Amour qui gouverne tout cela, tant pis si j'emploie un grand signifiant vide, certains comprendront quand même, et si la voie est juste, peu importe qu'elle cible la libération mentale, l'accès à l'énergie christique, ou le service divin, par la reconnaissance de la vision de Mère et de Sri Aurobindo. Des athées très purs parviennent à la libération, et tous les croyants «gras», qui se repaissent d'écriture et de formalisme manquent autant le Soi que les plans supérieurs, et noircissent leur âme en se croyant dans la vérité et en manquant d'amour pour ceux qui sont différents. La voie «empruntée» est secondaire, ce qui compte c'est l'aspiration à comprendre, à changer, à faire le nécessaire pour abolir la vie vécue pour soi, sans souci de la relier à la totalité, et c'est un des axes qui trame les principes de la Manifestation, qui ne pouvait pas échapper à une certaine complexité, puisqu'il s'agissait de tout relativiser par rapport au supramental. Sri Aurobindo a été contraint lui aussi de faire souvent dans le sophistiqué, puisqu'il lui revenait de montrer que toutes les traditions de l'Inde préparaient la descente du supramental, et il a donc dû récapituler un nombre considérable de choses, ce qui en rend l'abord difficile pour certains. Bien entendu, si l'on manque l'intention qu'il y a derrière ses écrits, on peut s'imaginer que tout son travail est «intellectuel» et seulement prophétique, avec en plus une marge aléatoire, qui pourrait discréditer l'ensemble, et c'est la version que veulent développer les Desjardins et autres Prajnanpad pour se débarrasser du nouveau seuil évolutif qui nous concerne. Cette vision sévère pourrait à la rigueur tenir la route si l'agenda de Mère ne venait confirmer à chaque page l'expérience du révolutionnaire, quelques années après sa disparition, — un être choisi par l'univers pour apporter la nouvelle orientation. Tout est dans l'Agenda, tous les dessous des cartes, toutes les coulisses de ce que j'appelle la «Manifestation», et il est clair que la «libération du mental» n'est plus le but de l'incarnation terrestre, du côté de l'orient, pas plus que «souffrir sur la terre pour décanter l'âme» n'est le but ultime que certains chrétiens ou gnostiques prétendent être le seul de nature «spirituelle», tout en montant en épingle une guerre entre des forces hostiles et des forces lumineuses, qui a toujours été là, et qui n'a pas à interférer avec notre démarche. Si des démons viennent à nous, c'est peut-être que nous faisons des progrès décisifs, si nous «chutons» également, mais quel amant du Divin peut-il avoir peur de chuter autrement que pour conserver un garde-fou dans sa démarche ? S'il faut avoir peur des épreuves, ce n'est même pas la peine de vouloir évoluer, au sens fort. Elles seront là, et les accueillir en diminue la portée.  


J'ai moi-même choisi la sophistication dans les «principes de la manifestation», à la suite d'une expérience de cristallisation d'un nouveau mental, pour rendre compte de l'orientation commune, dans le cosmos, des contraires, ce que le Supramental révèle spontanément. Le bien collabore avec le mal, mais c'est une intelligence nouvelle qui montre cela, et qui se permet justement de le montrer, parce que l'on s'est soi-même libéré de toute tentation d'aller vers le mal, quand on parvient jusqu'ici. On ne peut donc pas devenir «luciférien» sous prétexte qu'on met le bien et le mal sur le même plan complémentaire. On évoque l'ordre de la vie, et l'on continue à œuvrer pour l'éradication du mal, comme on œuvre aussi pour celle du bien, quand il représente l'usage de toutes ces vertus séparatrices à la disposition de dévots bien-pensants et sectaires, ou d'athées confits dans leur rigorisme, et qui ne parviennent pas à se libérer de l'intransigeance, ni à trouver du semblable hors de leurs propres croyances. Cette cristallisation est paradoxale, puisque, soudain, c'est tout mon fonctionnement mental qui a changé, qui est devenu à proprement parler sans limites, ce qui constitue peut-être une première ébauche du mental de lumière, nécessaire pour supporter la suite, soit des confrontations permanentes aux limites de l'être humain, sur le plan physique en particulier.  


Le supramental est la solution exhaustive puisque justement le semblable apparaît partout, le je est si universel qu'il se reconnaît dans n'importe quel être, qu'il aime n'importe quel être, en tant qu'être, même s'il le combat éventuellement dans ses actions. Ces nouvelles sont réconfortantes, car elles promettent une nouvelle conscience pour l'humanité, dans laquelle l'identité ne sera plus tributaire d'aucun caractère contingent, ce qui devrait permettre la reconnaissance de tout autre comme étant soi-même, sous une autre forme. Cette tentative est déjà contenue dans le message du Christ, et la connaissance par identité débute dans la conscience christique, mais le Supramental la rendra beaucoup plus performante grâce au travail profond, et qui peut devenir pratiquement constant, dans les cellules du cerveau. Le mental de lumière semble donc un pas décisif dans l'évolution, puisqu'il n'est plus à proprement parler un façonneur de pensées, mais un coordonnateur, qui permet un jeu dialectique intense entre les nouvelles perceptions visionnaires et le socle du témoin, qui perçoit en permanence. L'assimilation devient prodigieuse, et le témoin lui-même se dilate, sans doute parce que le cerveau entre souvent dans un troisième état qui lui est imposé par la Shakti, dans lequel il ne peut ni penser ni dormir, ni rien formuler, ce qui est contraire à toute l'expérience organique, car ce n'est pas non plus le silence du Soi, mais une sorte d'activité immobile indescriptible. Voilà les promesses, bien que le prix à payer soit exorbitant, mais elles profilent dans le lointain la fin de la souffrance humaine. 


En attendant la connaissance par identité, la question est donc toujours la même, que vivons-nous, sans être influencé par la gnose et sa guerre des dieux, ou par le charme envoûtant de Sri Aurobindo, ou par les sucreries de Nisaggardhata, parlant avec une complaisance (infâme pour moi) de l'Absolu, ce qui attire par son verbe redondant tous les ego spirituels ? Car chaque homme a son histoire et le langage du vendeur de biddhis est sans doute adéquat pour lui, mais pas pour moi, comme j'accepte qu'on fuît Natarajan, qu'on peut trouver compliqué ou exigeant. Je renvoie donc à soi-même chacun, oui, j'ai été quelque peu attristé d'apprendre que des «spiritualistes» rejettent Sri Aurobindo. Je trouve que c'est un exploit de la mauvaise foi humaine d'y parvenir, mais c'est comme cela. C'est en quelque sorte la tristesse de l'ajustement entre ce qui devrait être, et dont chacun conserve toujours un fantôme idéal, et ce qui est, qui fait foi. 


Enfin, pour en finir avec les «fais-moi peur» de la gnose, j'ajoute mon grain de sel.  La chute, c'est depuis le début, alors qu'est-ce que cela va changer dans la pratique de votre aspiration de lui octroyer une forme naturelle (par l'entropie) ou une forme culturelle, avec l'intervention de dieux et d'anti-dieux ? C'est exactement pareil, il faut remonter la pente, qu'on nous ait mis sciemment dans le «péché», ou bien qu'il soit seulement le fruit du libre arbitre piégé dans l'évolution animale. Et dire qu'à partir de détails aussi insignifiants, on bâtit des théories, on excommunie les nouveaux avatars, oui, il y a de quoi pleurer quand la compassion elle-même est exténuée. Le mental continue d'inventer n'importe quoi pour refuser le réel, c'est-à-dire la souffrance humaine d'un côté, et son impuissance à l'éradiquer de l'autre. Oui, comme il ne peut pas le faire, il la justifie, cette souffrance, avec des plans divins absurdes, comme si la vie était un châtiment. Non, l'ésotérisme est rarement sérieux, pour un René Guénon qui reconnaît le premier Sri Aurobindo, des centaines de petits nains (pardon, de personnes de petite taille, sorry), sans expérience personnelle du Divin ou du Soi, continuent de démolir tout ce qui dépasse la portée de leur intelligence et de leur foi morte, afin de se prendre pour des types supérieurs. Il y a ainsi des chrétiens si impeccables qu'ils attaquent le yoga, le bouddhisme, la psychologie des profondeurs, tout ce qui ne leur tombe pas sous le nez avec l'évidence d'une baguette de pain ou d'une motte de beurre, et malheureusement, c'est peut-être là que le mensonge résiste le plus. Non pas chez ceux qui vivent et se moquent de la vérité, mais chez tous les petits dévots et minuscules initiés qui croient la défendre et la représenter, car ils ne peuvent pas comprendre que la réalité n'est pas mentale ni que les pensées n'y mènent point. Ils s'acharnent donc sur les différences. Il y a encore ainsi des milliards d'individus qui demandent à Dieu la richesse, de trouver un emploi, ou de tomber sur l'amour, et en de telles circonstances, il est exclu que le Supramental parvienne rapidement à des résultats sur la Terre. La gangue de la fausse pensée divine est encore prégnante et amalgamée à l'émotionnel et au vital chez plus des trois-quarts des êtres humains. Des millions de faux dieux habitent les cerveaux des hommes à travers les représentations qu'ils ébauchent, et percer ce matériau de mensonge constitue une prouesse, un labeur, un défi. (Les espoirs illusoires, selon Sri Aurobindo, cité par Mère, Agenda tome II). 


Quant à ceux qui préfèrent les idoles, l'argent, le pouvoir, le sexe, ils ont échappé aux superstitions communes pour se forger leur propre existence, et peut-être que la crise que nous traversons peut les appeler, pour certains, à revoir leurs principes purement individualistes et matérialistes, et se convertir à une vie aussi pleine, mais qui tiendrait compte de l'économie du tout, et qui apporte autant de satisfactions que le culte fermé de sa propre personne. Ils ont le mérite d'avoir opté pour la différenciation individuelle, ils n'ont plus qu'à la réajuster à l'ensemble. Les croyances ne les intéressent pas, et ils sont prêts pour des virages à angle droit. 


J'ai déjà personnellement prévenu que l'illumination donnait le sentiment que tout avait été atteint, et qu'on ne pouvait pas aller plus loin. Je suis passé par là en 1974, j'y suis resté quelques mois, je connais la question par cœur, et c'est une décision personnelle qui m'a poussé plus loin, alors que cela pouvait sembler absurde. J'ai voulu trouver quelque chose de plus efficace, par moi-même, et un peu plus tard seulement,  je suis tombé sur Sri Aurobindo, ce qui a confirmé mon sentiment : l'illumination n'a pratiquement pas de pouvoir en dehors de celui qui la reçoit. Au cours de la transformation supramentale, j'ai trouvé des forces qui ont essayé de m'empêcher d'aller plus loin, et plus j'avance, plus elles sont redoutables. Parmi elles, certaines font effectivement miroiter le pouvoir de la vie pour qu'on s'y attache, pour qu'on pratique le plaisir comme une religion, et le supramental montre bien qu'il s'agit là d'une dérive tout à fait naturelle de la montée de la conscience dans la matière, qui, à un moment donné, trouve opportun de s'arrêter là pour en jouir au maximum. Il n'y a aucun mystère dans les forces occultes sombres qui veulent récupérer l'existence de la conscience se dirigeant vers l'individu pour y mettre un terme, dans la sacralisation de la jouissance (et du pouvoir séparatif de l'ego). C'est là depuis longtemps, et s'il y a quelque chose d'innocent dans le besoin de la jouissance physique, le problème est que pour être certain d'en obtenir toujours davantage, il faut passer à des pouvoirs plus obscurs, la domination de l'autre, l'abus de pouvoir, l'autoritarisme, la haute richesse, la séduction de principe et le mensonge systématique, la dissimilation, la culture de soi, la pratique acharnée de l'ambition, ce qui fait que même l'hédonisme sans perversions, parce qu'il surchauffe le vital, finit souvent par attirer, à la longue, des entités sombres, étant donné qu'il y a encore toute une gamme entre l'entité diabolique la plus claire et Satan. Et dès qu'on cherche à renforcer le seul pouvoir de la vie en soi (où le désir prédomine), on appelle les survivances dynamiques, soit des pouvoirs très structurés appartenant à la mémoire de l'évolution, qui peuvent être purement énergétiques ou fluides, (colère, jalousie, haine, etc...) ou qui, par métonymie, peuvent désigner des entités astrales, avides de parasiter des êtres de chair. C'est aussi pour cela qu'il faut un pouvoir descendant qui impose un frein au mélange conscience/nature qui monte, qui, sinon, n'aurait aucune raison de continuer de monter tout seul, mais s'étalerait de plus en plus sans vergogne, sans la descente du mental supérieur qui oriente la conscience hors du désir et de ses seules satisfactions. (Commentaire personnel du tome II, toujours). 


Où se situe Lucifer là-dedans ? Sans doute comme un adversaire conséquent de l'ascèse soumise à Dieu, ou qui tente d'y parvenir, et qui peut s'emparer d'un disciple tiède, épreuve occulte que tout le monde connaît, puisque même Jésus y a été confronté dans le désert.  


Ce principe est largement connu de certains initiés chrétiens, qui, effectivement, s'imaginent que toute valorisation divine de la vie va entraîner ce genre d'excès, annuler la méfiance pour le «vital», et entériner finalement une confusion institutionnelle entre le spirituel et le matériel. Prajnanpad aussi s'imagine que Sri Aurobindo «glorifie la vie». Comme beaucoup de jeunes éveillés, il s'est pris pour une autorité, et n'a pas pu reconnaître une autorité qui lui était supérieure (c'est courant, et explique la querelle des maîtres, qui permet de faire perdre du temps à ceux qui ne veulent pas de l'aventure divine, en leur évitant de choisir leur voie parmi des références nombreuses dans un catalogue très aguichant d'initiés, qui se tirent dans les pattes). Il ne s'agit pas de glorifier la vie, ni d'inviter Lucifer, mais de comprendre qu'un fait nouveau est possible : l'émergence de l'énergie primordiale dans la nature physique de l'espèce, ce qui peut produire toute une gamme de transformations, aussi bien des nouvelles valeurs que de nouvelles vibrations, ainsi que des mélanges entre différentes énergies évolutives, accessibles à chacun en fonction de son aspiration et de sa capacité à vivre pour un monde terrestre meilleur. (Dans l'agenda de 1961, beaucoup d'indications sont données sur les coulisses de l'Histoire, et permettent de se libérer d'un nombre conséquent de mythes). 
 
 


Pour ceux qui se sentent manipulés par des zotorités leur courant après pour les détourner de Sri Aurobindo, qu'ils lisent lettres sur le yoga. Ils verront à quel point la sadhana vers le supramental est exigeante, et vaut bien n'importe quelle consécration profonde au Christ, ou n'importe quelle ouverture au Soi et à l'éveil, qu'on emprunte une voie ou une autre, permissive ou non. Pour ceux qui laissent entendre qu'un ou plusieurs revendiquent de représenter le Supramental, qu'ils sachent que rien n'est plus facile quand on ne hurle pas avec les loups, qu'on ne travaille pas, et qu'on a une vie intense qui permet de faire toutes sortes d'expériences. Ce n'est pas à moi de décerner des brevets, ni de montrer du doigt (on me renverrait le compliment : puisque tu ne vois pas, pauvre abruti, que je suis plus supramental que toi, c'est que tu ne l'es pas, nanan ère!). Pour le moment, rien ne me permet d'élargir la liste que j'ai donnée tout à l'heure, quant au pur Supramental, — hors mélange avec des énergies surmentales, (ou hors expériences schizophréniques bien entendu). Je me suis mis dans la même liste que Mère et Sri Aurobindo, puisque le surmental s'est manifesté une semaine en moi fin 1967, puis s'est absolument retiré, et je n'en ai jamais plus vu la couleur. Je suis principalement en contact avec une seule des quatre énergies supramentales, sans doute la mieux adaptée à ma nature, une énergie très douce et d'une finesse extrême, qui est sans doute Mahasaraswati, qui me triture depuis 1978, presque sans arrêt, tout en changeant les zones de ses interventions. Mahakali s'est parfois manifesté, elle brûle tout sur son passage, et a atteint l'inconscient collectif par mon intermédiaire en 1981. Mahalakshmi n'est pas supportable pour le moment, plus de quelques minutes, tant elle fait resplendir la beauté, ce qui est intolérable dans un corps peu transformé. Mais toutes sortes de mélanges sont également possibles entre la conscience supramentale et l'énergie supramentale, ce qui fait qu'on ne peut pas passer deux journées consécutives absolument dans le même axe. Sri Aurobindo a travaillé depuis 1926 jusqu'à sa mort pour permettre une relation entre la conscience et l'énergie, et personne ne sait ce qu'il a fait, mais cela a marché. La terre est amenée à changer parce que, à partir d'un certain plan de conscience, on touchera l'énergie correspondante, alors qu'avant, les deux mondes étaient distincts. Il faut relire le secret des védas pour comprendre cela, que les «réalisations extrêmes» ne changeaient rien. Aujourd'hui tout est possible, avec le corps qui sent, qui voit, qui sert différemment le Divin et l'être psychique. On peut donc évoquer une double Apocalypse, la classique, avec la manifestation poussée des énergies surmentales, et l'aléatoire, la révélation supramentale, indépendante des «plans divins» convenus dans le temps. Aucune n'est meilleure que l'autre, mais l'exigence est supérieure dans l'Apocalypse supramentale, qui nécessite aussi un «surendder «au Divin.































Courriel: 14 Novembre 2008

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Cher C,

tu fais partie des quelques personnes avec qui j'ai pu entretenir des liens intellectuels grâce au site depuis quelques années, et aujourd'hui j'ai la surprise de voir que tu m'opposes une vision qui te permet somme toute de passer à côté de ce que représente le supramental. Je ne remets pas en question les progrès et les prises de conscience qui se sont produites pour toi depuis un an grâce à un enseignement, mais il se trouve que les présupposés qui rendent valide cet enseignement discréditent complètement l'aventure supramentale, et rabaissent le travail extraordinaire de Mère et Sri Aurobindo au XXe siècle.

 

Quand tu t'appuies sur le prédicat que «La matière est une illusion» pour te vanter de je ne sais quel positionnement qui devrait te mener au Saint-Esprit, tu ne fais que répéter un vieil adage qui a servi pendant des milliers d'années à des âmes nobles à vivre leur incarnation pour Dieu, et rien que pour Lui. Quelques-uns ont été sauvés par cette conviction, ils sont peu nombreux, et beaucoup d'entre eux ont créé des enseignements qui ont permis à une petite partie de l'humanité de se soulever contre la manipulation des circonstances et des forces de la nature. Mais tous les espoirs que l'humanité a nourris pour se libérer de la matière en se forçant à la considérer comme une illusion ont été déçus. Aujourd'hui, la matière s'est vengée, elle a montré qu'elle était souveraine dans l'univers et qu'elle permettait l'émergence de la vie. Elle n'a jamais voulu œuvrer contre Dieu, elle voulait au contraire servir de socle à l'élaboration de la conscience dans des fragments dispersés, qui deviendraient des âmes, et ce projet n'est pas terminé, bien qu'on puisse penser qu'il a échoué.

 

D'un point de vue supramental, le Christ n'est pas l'aboutissement ni le sommet de la hiérarchie spirituelle. Je comprends le travail qu'il accomplit pour l'humanité, mais la Terre est un lieu d'évolution, et Sri Aurobindo et Mère et quelques autres veulent entreprendre un nouveau chemin. Sur ce chemin, la matière n'est pas une illusion, elle n'est plus une illusion, il ne suffit pas de passer de l'autre côté de la matière, dans le Soi, dans le Saint-Esprit, ou dans quelque autre état supérieur, pour changer les conditions terrestres.

 

Quand bien même ce serait déjà un excellent voyage pour l'âme de gagner l'énergie christique, il n'en demeure pas moins que c'est sur Terre que le combat pour une matière nouvelle se joue, et ce n'est pas en restant accroché à cette « illusion mentale » que la matière elle-même est une illusion que nous nous en sortirons. Sri Aurobindo a vu, comme moi-même je l'expérimente, qu'il n'y a strictement aucune opposition entre l'Esprit et la matière. D'un point de vue physique, il est probable que seules les fréquences changent, et si rien ne peut exister sans la lumière, cela ne veut pas dire que seule la lumière est légitime. C'est même parce qu'elle nous manque que les meilleurs d'entre nous ont toujours supposé que la lumière était supérieure à la matière, et que l'Esprit devait supplanter, en tant qu'autorité, la loi de la nature. Mais par un tour de passe-passe, en décrétant que la matière est illusion, il n'y a qu'un pas vite franchi pour faire « comme si elle n'existait pas », et se réfugier, car il n'y a pas d'autre mot, dans un soi-disant monde spirituel supérieur au monde matériel. Or, c'est une expérience pour moi et pour d'autres, c'est exactement le même monde. Quand on en évoque les caractères subtils, on s'amourache de l'étendue, de ce qui est au-dessus, on traque les principes ou bien on les appâte, mais, oui, on s'élève... Mais quand on en revient au monde concret, il y a tout à transformer, par le levier du temps, puisque, le monde spirituel, lui, non contingent, quasi immuable, ne réclame aucune intervention. Plus on fait du spirituel de chez spirituel, plus on lève les yeux vers le ciel, moins on s'occupe de changer le monde, c'est difficile, et tout résiste, et Dieu sait si je connais bien la question, qu'après d'autres, je traite de différents points de vue.

 

En dérivant ce présupposé que « la matière est une illusion », tu en viens à trouver pratiquement sans intérêt une transformation des cellules, parce que le corps qui subit ce traitement appartient à la matière, c'est-à-dire à l'illusion. Selon toute vraisemblance, le Christ lui-même n'a pas vécu la transformation supramentale, telle que la Mère de Pondichéry a commencé à le faire en 1956. Ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle, nous nous défendons toi et moi de confondre les voies spirituelles, d'en discréditer certaines pour mieux en valoriser d'autres. Je constate simplement que tout ce qui vient du Christ depuis des milliers d'années n'est pas plus convainquant que n'importe quelle autre religion pour transformer l'humain, et c'est justement parce que la matière humaine n'est pas vraiment touchée par le Saint-Esprit, mais demeure dans des zones subtiles, dans le cœur par exemple, que le message de Jésus n'a pas fait boule de neige, n'a pas changé la mentalité occidentale, ou si peu, qu'il faut se demander si ce fameux Saint-Esprit possède un réel pouvoir hors de l'imaginaire. Or, tu t'offusques, convaincu que le Saint-Esprit constitue le fin du fin, alors que nous savons depuis peu qu'il existe bien un pouvoir et une conscience originelles, liés l'un à l'autre d'ailleurs, d'une dimension beaucoup plus fondamentale que l'Esprit-Saint, ou d'autres « énergies-concience » du même type.

 

Il n'y a pas de commune mesure entre la shakti supramentale, qui fait tourner les atomes sur eux-mêmes, et la création dans l'éther, par des entités supérieures, d'une fréquence énergétique destinée à ramener les âmes au bercail. Le Christ, comme d'autres entités, est ce qu'on appelle en ésotérisme un créateur de ciel, c'est-à-dire qu'il dispose de son propre royaume immatériel dans un plan hors de l'existence terrestre. Je ne doute pas une seconde que les êtres qui croissent dans la conscience du Christ puissent en quelque sorte forger une âme meilleure. Il y a eu d'autres avatars, qui ont fait le même travail, et qui reçoivent comme le Christ les âmes dans leur empire céleste, quand elles en sont dignes.

 

Le problème, c'est que l'incarnation demeure ce que nous vivons réellement à chaque instant, indépendamment du ticket que nous prenons avec le Saint-Esprit ou autre chose pour gagner un lieu ultérieur. J'ai l'air méprisant, je sais, mais, les carottes, je les ai vus partout détruire l'âme des peuples, que ce soient les Hindous rivés à leur rituel pour échapper à la réincarnation, les bouddhistes soucieux d'obtenir une meilleure naissance ou de sortir de la roue du temps, et quant à nos trois monothéismes, ils ont toujours navigué entre la menace de l'enfer et la promesse, la récompense du paradis. Bien sûr, si ce n'était pas la même chose dans le domaine spirituel, je devrais me taire, mais ce que je constate, c'est que, surtout dans le New Age, on court derrière le fruit des œuvres, on se donne, oui, on commence à se donner plus profondément à la réalité, mais on attend des bénéfices personnels de cet échange (masqués par de grands mots comme amour, lien cosmique, préparation à la nouvelle dimension, etc). C'est humain, c'est enraciné dans l'homme, mais c'est justement de cela qu'il faut s'extraire : donner pour recevoir, et je suis certain que sur cette question je partage la vision de tes maîtres. Comme tu avoues être un débutant, j'ai sans doute voulu, par indiscrétion ou empathie (va savoir), te pousser à comprendre cette question, car ton enthousiasme pour l'enseignement que tu suis m'a paru suspect, d'autant qu'il me semblait que j'avais mieux à te proposer... Nos enthousiasmes respectifs se sont cognés de front, et nous avons été chacun légèrement stupéfié de ne pouvoir continuer à communiquer.

 

Je voulais que tu saches que je n'ai rien contre le Saint-Esprit, et je dois même avouer qu'il ne m'est pas étranger. J'en ai fait l'expérience, après quelques mois dans le Soi, mais j'ai su que ce n'était pas ma voie, et je me suis contenté de continuer à « chercher », aux aguets en quelque sorte. Il se trouve donc que le Divin n'a pas voulu que je m'y arrête, et qu'au moment où j'aurais pu le faire, j'ai saisi, dans une fulgurance imprescriptible qu'il n'était qu'une fractale du divin, assez faible en pouvoir, alors que la Terre s'ouvrait à découvrir le Divin originel, Lui qui n'a plus grand-chose à voir avec l'énergie christique ou toute autre énergie similaire, (car il en existe d'autres). Ce n'est pas par orgueil que j'ai cherché mieux, mais parce que mon « illumination » ne changeait rien à rien, et tandis que j'essayais d'aller plus loin, je tombais sur Sri Aurobindo. Une fois le rejet passé (mais pour qui se prend-il celui-là), j'ai su que la terre pourrait radicalement changer, et que les figures des christs et des Bouddhas seraient dépassées, tandis qu'une terre nouvelle éradiquerait la violence et l'égoïsme. L'hypothèse supramentale m'a fait beaucoup de bien, il n'y avait plus aucune limite de principe à la connaissance du Divin, et je me disais que certains parviendraient aussi haut, aussi loin, sans me douter une seconde que j'allais très bientôt pénétrer cette ineffable dimension.

 

J'ai donc été profondément touché par Sri Aurobindo, à une époque où mon esprit était déjà limpide comme de l'eau de roche, suite à ce que les maîtres appellent pompeusement l'illumination, et qui est juste le moyen, effectivement, de se libérer de l'illusion de la matière. Comme le disait un maître japonais: «Il faut sept ans pour se débarrasser de la puanteur de l'illumination». Et il est vrai que l'illumination montre l'illusion de la matière, et que l'on peut pavoiser ainsi au milieu de ses semblables, qui ressemblent à des animaux pensants, en croyant avoir acquis le fin du fin... Et puis on se rend compte, à la longue, que la matière est bien là, toujours là : parfois une souffrance physique apparaît, ou un désir impétueux proposé par la beauté elle-même, rappelle que l'incarnation n'est pas l'occasion d'une fuite vers ce qui est supérieur, mais la confrontation absolue de la conscience vis-à-vis d'elle-même, dans le mélange de la nature et du temps, puisqu'elle est à la fois subtile et épaisse, passée et future, et même quelquefois présente dans le présent.

 

Si les enseignements des multiples Christs avaient libéré l'homme, peut-être n'aurait-il pas été nécessaire de remonter au Divin originel, en amont des énergies soi-disant divines d'où les grands maîtres prétendent aider l'humanité. Il y a sans doute énormément de vérité dans leur action, mais rien ne permet aujourd'hui de penser qu'une entité, dieu ou guide, soit parvenue à la vérité absolue. La voie supramentale veut ouvrir un chemin où l'être humain entre en prise directe avec le Divin, qui descend jusqu'au corps physique lui-même, pour l'animer d'une manière nouvelle, en s'opposant à des millions d'années d'automatismes naturels. Je suis obligé d'essayer cette voie, (je ne connais rien de plus difficile, à part la guerre, of course) mais elle est venue à moi, et je suis en plein dedans. Pour le moment, rien ne dit que cette voie soit plus efficace que les autres pour rendre la terre meilleure, mais quand on mesure l'effet des grandes religions et des philosophies, le projet supramental n'a pas de réel concurrent.

 

Il faut donc voir les choses en trompe-l'œil, sans véritable perspective, pour ne pas mesurer la différence entre les voies antérieures, provenant du Surmental, et ce qu'apporte Mère et Sri Aurobindo. Et oui, c'est encore au-dessus du reste, et Sri Aurobindo s'en est expliqué, ce n'est pas un énième christ qui voit et ressent le même divin d'une autre manière. C'est un autre Divin, celui qui est à l'origine, celui dont il est dit qu'on ne pouvait pas le voir en face sans mourir... Or, la loi de l'existence terrestre change, et aujourd'hui, il semble qu'on puisse supporter le supramental, et non seulement dans la conscience, mais dans le corps physique. C'est la seule vraie révolution depuis le déluge, et c'est toi qui me reproches de ne pas avoir compris la portée de l'enseignement que tu suis, aussi faut-il remettre les pendules à l'heure.

 

Le supramental, c'est autre chose que le divin du Christ. Ce n'est pas une forme du Saint-Esprit qui s'occuperait de la vie, c'est cent fois plus intense et plus radical, c'est un éclatement tel qu'on se demande si on va tenir le coup, c'est extravagant, imprévisible à chaque seconde, c'est nouveau sur la Terre, aussi. Alors si tu ne vois pas la différence, à quoi bon entretenir avec moi une correspondance ? Tu voudras me faire dire des choses qui vont dans le sens de l'enseignement reçu, mais désolé, non, ni Jésus ni le Christ ne représentent le Divin supérieur, qui commence juste à se donner à l'humanité. Les avatars représentent un plan intermédiaire, ce qui n'est déjà pas si mal, bien entendu, mais ce n'est pas le supramental.

 

Je dois au supramental d'avoir pu non seulement m'identifier aux autres mais d'être les autres, et je me souviens par exemple d'être devenu un juif en écoutant la musique d'un film récemment, et j'ai été soudainement concerné par la Shoah à un point inimaginable. Je suis resté un bon quart d'heure k.o... Une expérience de plus, bien au-delà du mental qui décrète, oppose, juge et condamne... Être l'humain, voilà, c'est mieux qu'obéir au petit Jésus pour moi ... Ce n'est pas n'importe qui non plus, mais contrairement à ce que pense toute l'Europe, la terre ne l'attendait pas tant que ça, et depuis des milliers d'années avant lui, on trouvait des types de sa trempe en orient, alors revenons-en à ce qui se passe réellement... Relativisons les dogmes, les enseignements, les modèles et les grandes figures, et le plus pratique pour cela, c'est de se souvenir qu'ils sont nombreux, et que c'est par pure chauvinisme que chaque peuple décide que son messie est le meilleur. (Aujourd'hui même, certains musulmans s'appuient sur des passages du Coran pour s'imaginer meilleurs que les chrétiens, qui eux sont persuadés, à cause de l'énorme supercherie du « fils unique de Dieu », que ni les musulmans, ni les juifs ne sont à la hauteur...).

 

Je ne peux qu'affirmer que la matière, loin d'être une illusion, est aussi ce qui, en nous, ressent l'incarnation et l'apprécie, et même la supporte. On peut noyer le poisson en opposant la matière inerte et l'Esprit, afin d'éluder la question du corps physique. Il appartient à l'Esprit par l'ensemble de ses processus dynamiques qui maintiennent la vie, il est bourré d'intelligences organisées, mais il demeure aussi de la pure matière, nous ne traversons pas les murs, nous avons du poids, nous sommes, en tout cas extérieurement, concrets dans un monde concret. Le mental n'est rien d'autre qu'un sens plus subtil que les autres, et c'est une grave erreur d'en faire un souverain. Comme le reste, dès qu'il nous possède, il utilise un organe, et c'est donc matériel... C'est le cerveau, sur lequel nous ne savons pas grand-chose, si ce n'est qu'il nous impose une palette d'humeurs, qui suivent, si l'on s'y prend bien, la gamme des couleurs, avec le bleu de la paix, le rouge du désir, etc... C'est seulement une manière de toucher, abstraite, le mental, et cette manière dépend du fonctionnement du cerveau. La Pensée touche le non-moi en permanence, le palpe et en ramène des informations, mais elle n'est pas libre, et plus nous avançons, plus la science le confirme. Des dizaines de matières différentes, liquides à la chimie complexe, se mélangent dans la matière du cerveau, et provoquent certains types de pensée... Alors décréter que la matière est une illusion, comme si la pensée ou l'esprit ne dépendait pas d'elle, c'est-à-dire de l'organe du cerveau, cela ferme des portes. On s'en tire avec des constructions en abîme, avec des miroirs face à face, et l'on croit tout résoudre avec des oppositions, dites dialectiques, qui ne font que jouer au ping-pong avec les balles des signifiants, derrière lesquels il n'y a pas grand-chose, comme je le dis dans mon dernier ouvrage, puisqu'ils demeurent des auberges espagnoles.

 

Alors savoir de quoi nous parlons, quand nous évoquons le mot Dieu... Cela ne peut renvoyer qu'a l'expérience ou l'image de chacun, et c'est donc une source de conflits, puisque nous défendons nos positions, notre « niveau » de réalisation, sans admettre facilement que d'autres positions soient légitimes ou supérieures. Donc, je ne reviens pas là-dessus, l'ensemble des « représentations » de Dieu, et même l'ensemble des expériences qu'un être humain peut contracter avec Dieu, cela, oui, nul n'est obligé de le croire, mais tout cela, sans être révolu, n'empêche pas une nouvelle dimension de se manifester, qui supporte d'ailleurs beaucoup mieux que dans le passé les attributs que nous posons sur l'image de « Dieu ». Encore une fois, tout est là, dans la vie divine, Savitri, l'agenda de Mère. Le réel s'est ouvert sur une interface inconnue, (ou perdue de vue et manquée par les avatars), et c'est mon rôle de le faire savoir, à moins que je continue, à l'abri des attaques, des quolibets et des compliments, la transformation physique, sans m'occuper de mon milieu.

 

Transformer le cerveau avec l'énergie divine va donc beaucoup plus loin, comme projet évolutif, que de simplement recevoir le Saint-Esprit, ou toute autre fréquence spirituelle, car les racines de la matière et de la perception se transforment. Il faut donc le marteler à ceux qui prétendent s'ouvrir au spirituel, mais qui manquent du recul nécessaire pour évaluer et hiérarchiser les choses, et qui s'imaginent que le supramental est une invention de Sri Aurobindo. Le supramental est l'essence de la réalité elle-même, le surmental est autre chose, une zone supérieure, peuplée de créatures qui elles aussi, un jour ou l'autre, devront évoluer, et passer par la matière, où le supramental se déverse aujourd'hui. Les vieux prédicats du surmental servent l'espèce qui ne veut pas changer, qui demeure ce qu'elle est, le bétail des dieux, qui ne s'aventure que si on la tient par la main, qui s'en remet à des intermédiaires, pour ne pas aborder de front la question du Divin (et de sa propre incarnation).

 

Si nous l'abordons de front, cette question, à moins d'être faible ou malhonnête intellectuellement, la dimension supérieure de Sri Aurobindo saute aux yeux. On a le droit de le laisser de côté, ok, on peut « rechigner », mais s'imaginer qu'il est juste un christ supplémentaire, ou un prophète, ou un « penseur », c'est une erreur... Prétendre que diviniser les cellules, c'est inutile, parce que la matière est une illusion, cela, c'est carrément blasphématoire, parce que Seul le plus haut Divin, peut le faire. Le Christ ne le peut pas, ou ne l'a pas encore fait, et il ne pourra pas le faire sans le supramental. Sri Aurobindo, c'est une brèche, ce n'est pas comparable, son projet ne peut être ni dévalorisé ni surestimé à partir d'une comparaison, car c'est autre chose. C'est au-delà du baratin des dieux, puisque leurs paroles deviennent des formules passe-partout, des réclames pour le ciel, et peut-être faudra-t-il en finir : l'homme qui veut vivre sa propre existence, la sienne, loue les services d'un Saint-Esprit quelconque à un « mentor » supérieur, qui donne clés en mains les clés du royaume, à condition que. Je semble intransigeant, mais où sont les résultats ? Ces combines transcendantales n'ont pas mené loin, parce que cette matière qui n'existe pas, ce corps transitoire, résiste avec une puissance inouïe à la lumière. La transformation de l'homme, toujours annoncée, n'a jamais débuté. Et des choses du type du Saint-Esprit, la terre en a toujours disposé, sans que cela n'entraîne de changements majeurs... Quelques initiés bénéficient du darshan du gourou, quelques apôtres sont soulevés dans l'Amour, quelques maîtres de lignée tirent une shakti de quelque part, mais, dans l'ensemble, est-ce suffisant pour diviniser l'espèce ?

 

Aujourd'hui, il « descend » entre trois et huit énergies d'excellence par an, et j'ai l'honneur de ressentir leur arrivée quand elles débarquent, mais leur pouvoir est extrêmement limité. C'est comme les drogues, il en faut de plus en plus, puis on s'accoutume, et le pouvoir diminue. (Je suis intarissable là-dessus, mais qui ça intéresse vraiment ? Cela va trop loin d'un coup, une telle « démystification », et seuls les amants de la Vérité peuvent l'entendre, les autres s'imaginent que je me la pète). Oui, trouver un Saint-Esprit ou quelque chose d'équivalent, c'est un premier pas, non négligeable... Cela peut même devenir un appui, mais si nous jouons au petit remorqueur, si nous nous faisons traîner par des « vibrations de lumière », on retombe dans un système, et puis on finit par tourner en rond, ou dépendre du dispensateur de darshan, à moins qu'une bulle supérieure ne nous emprisonne, qui nous donnera le change en nous enfermant dans la certitude de la Vérité.

 

Oui, nous pouvons aller plus loin.

 

Le travail est à faire dedans, c'est tout simple, et plus on s'encombre de belles représentations, moins ça avance vite... Le mental enrobe le processus, le commente, le savoure, et depuis de milliers d'années, ces petites percées sont insuffisantes, voilà pourquoi quelques millions d'être humains ont laissé tomber les vieux paradigmes, et ont compris que seul le supramental pouvait réussir ce que d'autres énergies, d'autres consciences, ont échoué. Peu importe la durée nécessaire, l'autre chose se produit, et Dieu n'est plus bradé à ses thuriféraires, il devient plus que ce que l'on a toujours rêvé, il devient accessible. En revanche, son exigence est telle, qu'Il trouve peu d'êtres humains pour le recevoir.

 

Oui, grâce à ton mail, cher ami, j'ai fait une expérience merveilleuse : j'ai été possédé quelques secondes par la Mère divine, il s'est passé quelque chose de très intense, et c'est comme si elle était très en colère contre l'humanité, et comme à ce moment-là j'étais Elle, j'étais catégorique aussi, c'est le moment où j'ai dicté à un ami la phrase suivante : « Mais tous les espoirs que l'humanité a nourris pour se libérer de la matière en se forçant à la considérer comme une illusion ont été déçus. Aujourd'hui, la matière s'est vengée, elle a montré qu'elle était souveraine dans l'univers et qu'elle permettait l'émergence de la vie. Elle n'a jamais voulu œuvrer contre Dieu, elle voulait au contraire servir de socle à l'élaboration de la conscience dans des fragments dispersés qui deviendraient des âmes, et ce projet n'est pas terminé, bien qu'on puisse penser qu'il a échoué. »

 

Voilà, ce passage est de la mère divine Elle-Même, j'ai eu presque du mal à contenir cette énergie, c'était la conscience éternelle qui parlait, pour laquelle le temps est une sorte de minuscule espace toujours renouvelé, et je dois bien avouer que j'ai un peu pleuré en comprenant ce que cela voulait dire : Pour le moment, nous sommes à côté de la plaque, car nos « spiritualités » se sont détachées du monde contingent, et la matière est restée rejetée, obscure. Elle s'est vengée, cela veut dire que nous portons les conséquences d'avoir séparé la matière et l'Esprit, dans la mesure où un matérialisme sans âme s'est emparé du pouvoir et menace les sociétés et l'écologie terrestre. Cette vengeance de la matière divine délaissée, puis prostituée par l'esprit humain, nous met en demeure, aujourd'hui même et dans l'urgence, d'œuvrer pour une réconciliation du Spirituel et du matériel afin de sauver la terre.

 

Sri Aurobindo et moi-même en l'occurrence, évoquons le Divin, le Divin pur, (dont le Christ n'est pas représentatif), qui seul peut mettre en œuvre la volonté de la Mère Divine, qui est de racheter la matière, intégralement, complètement. Les shaktis surmentales serviront d'intermédiaires, et connectées vers le Supérieur, elles pourront normalement disposer d'une efficacité meilleure, « soutenues par le haut », en quelque sorte. Nous avons donc tous intérêt à voir le Supramental se manifester, puisqu'Il soutiendra d'autres projets qui vont dans le même sens, et les mouvements qui permettent l'essor du Divin dans l'homme, correctement, même à partir d'énergies moins puissantes, seront conservés et légitimés. Aujourd'hui, le Divin a une chance d'être plus efficace à travers le Supramental qu'avec ses plans dérivés et multiples, mais encore une fois, quand on voit les choses en trompe-l'œil, il n'y a pas de perspective, donc le Christ et Sri Aurobindo peuvent sembler sur le même plan... Alors qu'évidemment, ce n'est pas le cas, et je ne pouvais pas me taire sur ce point capital.

 

Comme Sri Aurobindo, je veux une transformation de l'existence terrestre, et non la libération de quelques individus de plus. Et cette volonté n'est pas la mienne, elle m'est largement supérieure, et je la suis dans ses grandes lignes. Tout le travail que je fais pour libérer les autres des autorités provient de cette source, et moi-même je ne demande pas d'être considéré comme une autorité. C'est donc une révolution spirituelle, qui remet les compteurs à zéro. Chaque être humain peut se donner directement au Divin, Sri Aurobindo et moi en sommes garants, en revanche l'exploration du moi va beaucoup plus loin que dans les enseignements du surmental, où il y a toujours une carotte... Et à ce titre, je m'oppose farouchement à tous les prédicats, qu'ils viennent du Christ ou d'autres maîtres ascensionnés, qui stipulent que la matière constitue une illusion. C'est exact, à la rigueur, sur le plan surmental, c'est faux sur le plan supramental. C'est leur vision sur leur plan, ce plan n'est pas le nôtre.

 

L'accès au Supramental, ce n'est pas le même projet que celui des enseignements du surmental, et c'est normal, cela vient de plus haut, et c'est beaucoup moins naïf. Mon expérience est inattendue... Je l'avoue, même moi, j'ai mis trente ans à réaliser ce qui m'arrive... Depuis Mère et Sri Aurobindo, et le militantisme de Satprem, peu d'êtres humains « déboulonnent » le Surmental, qu'on continue donc de prendre pour ce qu'il n'est pas : le sommet, et on s'imagine que le Christ dispose d'une connaissance absolue, alors qu'elle n'est que relative, par rapport à ce qui doit advenir pour que l'évolution terrestre continue... Dans cette fameuse Matière.

 

La considérer comme une illusion est le meilleur moyen de s'en débarrasser... À moins que le prédicat soit contenu dans une seule perspective pédagogique, comme le font les maîtres bouddhistes, en disant que les événements eux-mêmes son illusoires. La formule n'a pour but que de renvoyer à la toile de fond de l'Immuable, le soi, ou bien de donner à l'esprit le courage de dépasser l'interprétation perpétuelle du contingent. Mais il ne s'agit pas d'abandonner le travail intérieur en le bradant à un consolateur. Si nous rejetons la matière, ou notre corps physique, nous laissons le subconscient faire ses petites affaires dans son coin, tandis que nous nous enivrons des paroles de Jésus ou de Bouddha, en croyant tenir le fin mot de l'histoire. Je veux bien que la matière n'existe pas, qu'elle soit un rêve ou une illusion. Cela m'arrange beaucoup : Il n'y a jamais eu de juifs déportés, seulement des âmes perdues dans des corps qui n'ont pas eu de chance, il n'y a jamais eu de génocides exotiques, mais seulement des âmes d'étrangers qui sont tombées au mauvais endroit, la haine de l'homme pour l'homme n'existe pas, elle fait partie de la grande illusion de la matière...

 

Bien sûr qu'on peut se détacher jusqu'à un certain point des contingences matérielles, mais soyons clairs, si nous nions l'existence de la matière, il faut nier le physique, ne manger que par dépit, ne jamais jeter les yeux sur un éventuel partenaire sexuel, et prétendre que rien ne se passe, il faut faire comme si ce corps physique était un malentendu, et passer par-dessus lui. On l'a déjà fait, et les meilleurs se sont retrouvés dans le Soi, privés d'identité personnelle, adombrés par le tao, le Brahman, conscients de tout et de rien, sans fracture. Mais même cette identité impersonnelle, si difficile à obtenir, ne dissout pas la matière. La vie lui appartient toujours, et à ce titre, la matière ne peut pas être une illusion, ou bien il faudrait que notre corps physique, lui, ne soit pas matériel, mais de quoi serait-il fait alors ? Aujourd'hui, c'est une imposture de poser l'irréalité de la matière, car même si nous entendons par là qu'elle est poreuse, qu'elle est le sommeil de l'Esprit, cela n'empêche en rien qu'elle soit infiniment concrète, et qu'elle possède notre condition, à travers le corps physique. Pinailler sur son existence, son apparence, changer les noms qui la caractérisent, tout cela peut certes mener à l'indispensable recul qu'il est nécessaire d'entretenir à son égard, mais rien n'abolit la roche qu'on gravit, la fleur qu'on respire, le corps qu'on doit entretenir jusqu'à son dernier souffle.

 

Elle est toujours là, même si elle demeure « une illusion pérenne », même si lui donner des noms quantiques ou des noms d'oiseaux permet de la voir sous un autre jour, qui la démystifie ou lui donne une place plus petite, et en général plus légitime... Et c'est pour cela que je ne me suis pas arrêté à cette étape, où, comme le christ, je pouvais prétendre que la matière était illusion. Quelque chose m'a poussé plus loin : cette illusion ne disparaissait pas, alors même que j'étais éveillé, et elle tenait dans ses griffes le monde entier, alors j'avais envie d'aller plus loin...

 

Oui, cher C, le prédicat que la matière est une illusion est exact le temps nécessaire pour amener certaines prises de conscience, mais à chaque pas, la vision évolue, et l'enseignement du christ, aussi beau soit-il, est, figure-toi, un simple b a ba pour certains, même s'ils sont peu nombreux, et n'imagine pas qu'ils aient dépassé ce stade par amour de l'exploit. S'ils n'étaient pas infiniment utiles à l'univers, ils ne pénétreraient pas les dernières arches des secrets, et il est impossible qu'ils accèdent ici par simple intérêt personnel : ils représentent toute l'humanité, qu'ils commencent à exposer au feu éternel, à l'Agni des veda, et ils se mettent à accomplir les premiers pas de la prochaine humanité.

 

Et ce stade, là où j'en suis, si « je » veut encore dire quelque chose, c'est peut-être du balbutiement de chez maternelle dans d'autres galaxies, alors, prends tout ce que tu peux, guette la vérité avec détachement, mais n'infère pas depuis ton niveau ce que sont les échelons supérieurs, ou bien tu perdras sincérité et humilité. L'inférieur ne peut pas comprendre le supérieur, c'est la loi même de la vie, aussi vraie pour toi que pour moi, aussi impitoyable pour l'homme ordinaire que pour l'avatar, qui ne peut pas anticiper sur ce qui reste encore à découvrir. Le protozoaire se cherche un dieu dans le moustique, le moustique peine à comprendre les motivations d'un batracien, qui, lui, interroge un poisson souverain, tiens par exemple le mérou qui a l'air méchamment conscient déjà, mais le mérou, il prendra peut-être le dauphin pour un abruti, se gaussant de sa différence. Et le dauphin, il a beau être tout ce qu'il est de plus mieux que les autres, ne lui demande pas de comprendre l'homme, à la rigueur, il cherche à séduire la chercheuse qui vient tous les jours nager avec lui, et s'y frotte, mais ça ne va pas plus loin, I am sorry. Et parmi les hommes, ne demande pas à gugusse moyen d'interpréter la relativité d'Einstein, de dédier sa vie à la vérité, ou de vivre pour le Supramental. Tiens, il n'y a pas si longtemps, des types bien comme il faut torturaient au nom de Dieu la conscience tranquille, alors, à chacun sa liberté, ne nous fâchons pas autour de « représentations » incompatibles, cela n'en vaut pas la peine.

 

Voilà, je n'y peux rien, je suis à part, un mutant malgré lui, qui estime Jésus ou le Christ, mais qui a été capturé par autre chose, qu'ils ne pouvaient pas connaître, car ce « supramental » n'était pas disponible à leur époque. ... (Le secret des veda, Sri Aurobindo). Tu l'auras compris, le supramental est au-dessus de tout le reste, et plus vite on le saisit, plus on évite les détours, et plus on place « Dieu » là où Il se trouve vraiment, c'est-à-dire plus haut que prévu, et donc capable de plus de choses... Ceci dit, les raccourcis sont souvent trompeurs, et c'est donc à toi de savourer ta vie, tes prédicats, tes doutes et tes certitudes, et de m'envoyer balader si je ne suis pas assez conforme à la complicité qui t'aurait fait plaisir, ou de m'accepter tel quel, avec ce qui te paraît des prétentions insoutenables, et qui sont peut-être autre chose, des connaissances absolument nouvelles et fraîches. A une époque apocalyptique, mon témoignage permettra aux plus fervents de ne pas perdre de temps avec les « représentations mentales » et d'aller droit au but.  Avec le web, je ne suis rien d'autre qu'un miroir pour toi, et je ne demande rien de plus. Chacun de nous, sans doute, fait ce qu'il peut avec les moyens du bord, et je ne doute pas de ta sincérité, je te reproche de supposer que j'ai la vue courte, et je fais de même. Chaque être humain appelle Spirituel ce qui l'arrange, ou le comble, et voit si peu du reste... Moi-même, je ne connais pas toutes les articulations des enseignements supérieurs, (comment être exhaustif dans ce domaine ?) et j'ai encore la capacité d'en surestimer certains ou d'en dévaloriser d'autres, mais, à quelque chose près, dans l'ensemble, les enseignements sont insuffisants dans une perspective de véritable « changement » des valeurs. Pour toute la terre. C'est l'échec des trois mille dernières années, et te ranger du côté de ceux qui suivent un enseignement, c'est déjà un peu partir perdant, alors je souhaite que cela soit provisoire, que tu trouves en toi le père, le guide, le maître, pour trouver ta voie hors des sentiers battus.

 

Conclusion sérieuse au fait : si le Saint-Esprit existe, on le rencontre automatiquement à un certain niveau de pureté (ce n'est donc pas la peine de suivre un enseignement), comme on rencontre automatiquement n'importe quel plan transcendant quand on est prêt, le Soi demeurant la référence en la matière.

 

L'appropriation du mot « divin » est toujours à la clé des enseignements, pour appâter le chaland, et sans une démarche soutenue, on peut mettre dans le même panier toutes sortes de « divins », en s'imaginant qu'ils sont sur le même plan, au risque de se tromper évidemment, et de prendre des vessies pour des lanternes... La libération de la personnalité par une reconnaissance mentale du divin, peut s'effectuer jusqu'à un certain point, avec des prédicats qui ne sont pas entièrement justes, comme celui qui veut que la matière soit une illusion. Mais si ces prédicats, pratiques, mais incomplets, laissent une empreinte définitive dans l'esprit de l'adepte, il risque de manquer l'étape suivante dans laquelle l'Esprit et la matière sont un, puisque le Divin peut entièrement s'y infuser et la transformer au lieu de la mettre de côté pour le profit de l'âme.

 

Comme d'habitude, je sais que certains s'imagineront que j'attaque le Christ, ce qui est pour eux rempli de bénéfices secondaires, leur bonne conscience jubile, ils se débarrassent d'un gêneur, ils se sentent du bon côté de la barrière, ils savent... Je ne fais qu'émettre les limites de son enseignement, rendues beaucoup plus nettes par la descente du Supramental. L'humanité doit énormément à l'authentique enseignement chrétien, mais il s'avère que l'évolution terrestre continue sa route. La magnifique révélation du pardon n'a pas suffi à transformer l'humain, pas plus que la révélation de Bouddha n'a fait de l'orient une véritable contrée spirituelle. Dans les deux cas, il est beaucoup question d'illusions.

 

Or le concept même d'illusion n'a pas plus de validité que celui du néant. Si une illusion constitue « ce qui n'existe pas, » ce qui n'est pas foncièrement réel, à quoi bon s'en débarrasser, à quoi bon partir à la chasse à ce qui n'existe pas, et avec quoi tirer le gibier, mon cher Watson... Se méfier des illusions rajoute une couche de brume sur tout ce qui nous est déjà demandé d'accomplir, puisque, d'un autre côté, tout peut être suspecté d'être illusoire et on ne s'en sort pas... On n'en finit jamais avec ces « illusions réelles », et elles piègent toujours la pensée. Leur panier est immense : la matière est illusion, le mental est illusion, la mort est illusion, le moi ou l'ego est illusion, le samsara est illusion, dans le parabrahman, même le samadhi est une illusion, tout ce qui n'est pas le Soi est mensonge, comme dit le dernier maître allemand, et, dans Savitri, j'en ai pleuré, les réalisations des sages sont aussi des illusions, ou simplement des rêves. La chasse à l'illusion ne fait que renforcer les dualités, car les illusions sont bien « réelles », comme on peut dire des erreurs qu'elles le sont.

 

Un autre monde veut se manifester, et toutes nos représentations spirituelles, par rapport à lui, ne sont que de simples caricatures.

 

Oui, il est dangereux de penser que la matière est une illusion, cela donne un coup de fouet à l'esprit, mais nous pouvons continuer de nous cogner, en dépit du fait que nous voudrions considérer les circonstances comme de simples nuages. Alors, bien sûr, pour ne pas perdre la face, on se dit, tiens ce bleu, sur mon coude, c'est une illusion, et quand on tombe dans l'escalier, on se casse une jambe illusoire qui reçoit un plâtre hallucinatoire, alors à quoi bon traiter la fracture ? Oui, le mental ment tout le temps, surtout dans ses décrets, quand il emprisonne le réel dans une formule croustillante, qui se voudrait définitive, non, il n'y a pas de sésame, car chaque moment est spécifique, pas de formule, pas de mode d'emploi du réel, où tout s'imbrique à chaque instant. Alors, je me répète, seule l'expérience que l'on a soi-même est authentique, tout le reste est « illusion »... Cessons de broder, si ce n'est pas trop vous demander...

 

C'est à travers toute la résistance du concret que nous nous sentons appartenir à cette matière qui nous compose... Elle est là, imprescriptible, et nous avons même des os, soit de la pierre, dans notre corps sculpté par l'évolution, et sans eux, nous n'aurions pas pu aller bien loin : la posture debout, qui ouvre la tête au Ciel dans son axe, aurait été impossible. Nous sommes nés dans un monde de souffrance et nous trouvons que ça ne colle pas avec l'immense chance que nous avons d'être dépositaire de la Conscience... Alors le combat continue pour nous affranchir de la matière, tout en restant en son sein, comme des enfants amoureux de leur propre vie qui se dessine.

  P.S : Seul celui qui traverse les murs peut établir que la matière est une illusion, et je ne sache pas que tu en sois là. Fais-le, et je respecterai ton opinion, sans rancune...































Courriel: 31 Juillet 2008

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Bienvenue aux bestandwrong.

Les amis,

je me suis permis de créer un néologisme dans mon journal, pour désigner ce qu'on appelle en philosophie une vision du monde, et le mot que j'ai trouvé constitue une caricature phonétique du terme allemand, dont je n'arrive jamais à me souvenir. Mais c'est un mot anglais, si l'on veut. Chacun possède sa bestandwrong, rudimentaire ou travaillée, héréditaire ou personnelle, imitée ou créée avec soin. Mais, quelle que soit votre vision du monde, si elle ne comporte pas le meilleur et le pire, elle n'est qu'un tableau immobile, et, en tant que tel, elle poussera à l'idôlatrie, à la croyance en des principes figés, dont on essaiera de pièger la manifestation dans le vécu, au risque de vivre avec une « grille de lecture » préfabriquée des événements. On connaît trop ces gens qui prétendent « savoir de quoi il en retourne », et qui passent au crible de leur propre vision du monde tout ce qui arrive, tout ce qu'ils voient, tout ce qu'ils rencontrent. Et tous les objets qui ne cadrent pas avec cette vision du monde, sont rejetés, avec élégance dans le meilleur des cas, mais le plus souvent avec dédain, mépris, ou pire encore, avec de la haine.

J'aimerais d'abord attirer votre attention sur le fait que « vision du monde » est un oxymoron, il ne peut pas exister de vision du monde, pour la bonne raison que la vision réclame de l'acuité, alors que le monde, lui, est bien trop vaste, étendu, et en perpétuel changement à la Héraclite, pour supporter d'être vu précisément. Il bouge. Il sera nécessairement flou dans son mouvement, confus dans ses mélanges d'énergie, imprévu dans ses accidents, bref, insaisissable. Que la vision du monde soit idéaliste, pragmatique, réaliste, ou empirique, chacun de nous mélangeant ces paramètres dans une proportion particulière, qui lui correspond, son but se borne finalement à celui d'une boussole. En faire davantage, c'est prendre sa propre boussole pour autre chose, un modèle auquel les autres devraient se conformer, et c'est inviter l'intolérance. Que certaines boussoles soient si conséquentes que beaucoup s'y conforment, c'est là une question épineuse, qui à elle seule rend compte de la moitié de l'histoire. Il se trouve qu'à des moments, l'on suit Marx ou Jésus, tandis que dans d'autres cercles, plus huppés, on mesure la pérennité d'un Platon, d'un Wang Bi, ou d'un Nagarjuna, et il est vrai que certaines « boussoles » sont inépuisables. Nous-mêmes ici présents, nous nous rendons à l'appel de Mère et Sri Aurobindo, qui nous indiquent que le nord, en quelque sorte, c'est le supramental.

Mais comme les visions du monde ne donnent pas la direction de l'espace, mais celle de l'intérieur du moi dans sa prise avec le temps, l'aiguille de notre boussole oscille sans cesse, subit des courants magnétiques trompeurs, sans quoi le supramental serait déjà « atteint » par nombre de chercheurs qui s'en réclament. Comme tout ce qui nous contraint à la liberté, à sortir des sentiers battus, la bestandwrong est livrée sans mode d'emploi, elle se forme dans le cœur et le mental, puis il reste à la vivre, et c'est même pour cela que le pire et le meilleur vont devenir sa pratique elle-même. Ce qui résiste à notre orientation devient la matière première du travail. On ne s'étonnera donc point que l'humanité presque en son entier refuse de choisir une direction, pour ne pas subir l'humiliation de la voir contrariée. En sens inverse, la sadhana, la quête, le chemin, impose une telle rigueur, même avec une extrême souplesse et une grande largeur, que notre vie va forcement balancer davantage d'un extrême à l'autre, tout nivellement étant une offense à l'âme de chaque moment, qui, par la loi des cycles d'un côté et celle de l'imprévu de l'autre, apporte et nourrit d'une manière différente l'adepte du soleil.

Il pourra faire trop froid ou trop chaud, dans les faits, et ceux-ci doivent l'emporter sur la vision du monde à laquelle on s'attache. Si les faits débordent de notre bestandwrong, reconnaissons-le. La vie, le Divin, l'existence et la durée n'ont pas pour mission de correspondre à nos visions du monde, mais de se mélanger inextricablement tout en nous mettant au défi de les démêler. Le but de la vision du monde est de nous empêcher de confondre des juridictions, d'amalgamer avec complaisance des univers qui se chevauchent mais n'en sont pas moins distincts les uns des autres, comme le désir et l'amour par exemple, la volonté et l'imaginaire, la possession et l'attachement, le but et la cible, l'autorité et l'abus de pouvoir, la soumission éclairée ( à des principes supérieurs ou au Divin) et la dépendance formelle.

Bref, il n'y a pas à sortir du vieux paradigme que nous sommes manipulés par le samsara, c'est suffisant pour fonder le bouddhisme, l'hindouïsme, et même le taoïsme secret dans lequel la Manifestation dissimule le Tao, avant de le révéler, par le non agir abouti, qui lie le Soi, sans aucune attache, à la vie elle-même.

Lao-Tseu avait déjà prévenu que se représenter la manifestation était peine perdue, par cette formule énigmatique, le grand carré n'a pas d'angles, qui dissuade tout esprit intelligent de se figurer, de manière définitive, ce que peut être le réel en le mesurant. De la même manière, « le Divin » renvoie à un monde qui n'est pas représentable, mais qui pourra être éventuellement expérimenté, et le figurer ne sert probablement à rien d'autre qu'ancrer la conviction de son existence dans les esprits. La même préoccupation revient chez Héraclite, qui dispense lui aussi d'imaginer qu'un tableau du réel puisse représenter autre chose que notre prétention à le saisir, et aujourd'hui la mécanique quantique répand démocratiquement cette vérité, nous nous représentons le monde, mais sa réalité essentielle est inobservable, et toujours repoussée plus loin.

Pourtant, nous avons besoin d'une vision du monde, d'une boussole, ne serait-ce que pour guider tant soit peu notre existence. On y trouve des ingrédients variés, en ordre ascendant, qui vont du respect béat de la règle à la seule aspiration de feu, à l'aspiration divine, en passant par la coutume, l'ordre moral, l'éthique personnelle ou la foi religieuse, puis la croyance spirituelle, supérieure et plus profonde, et enfin, la pratique proprement dite, la voie, la sadhana, où beaucoup s'abonnent sans payer la facture, jusqu'à être privés de transcendance. Bref, si votre boussole, sous prétexte d'être plus précise que les autres, mesure sept mètres de diamètre, et qu'il vous faut un trente-cinq tonnes pour la déplacer, je vous souhaite bon courage sur votre itinéraire. Moi, j'ai eu la chance qu'elle ne prenne pas plus de place qu'un caramel mou en réserve dans ma poche, ce qui fait que je n'ai jamais pu me perdre malgré mes efforts, je l'avais toujours sur moi. Je m'en vante peut-être, mais c'est pour dire que rien de formel ne m'a guidé, que je n'ai pas suivi de voie particulière, et que cela a marché.

C'est peut-être un exorcisme ou une vengeance (salut les poissons rouges !), ce courriel, un avertissement, ou un koan, une moquerie peut-être, ou encore une attaque contre les redresseurs de torts, et leur recette de la vérité ultime (contenue) dans vingt kilos de dictionnaires qu'on pousse fièrement devant soi dans une brouette, pour avoir la liste sacrée à disposition (ce qui n'est pas obligatoire est interdit !).

Le meilleur moyen de se perdre est d'être saturé de points de repère.

On finit dans un « bocal ».

P.S : et dans le journal de cette mise à jour, il est beaucoup question de bestandwrong, et on en revient toujours là : dis-moi comment tu t'imagines qu'il faut causer au réel, et je te dirai qui tu hais.

Circulez, y a rien à voir,
L'hétérogène ça gène
On en fait de l'homogène
A coups de matraques bonsoir !































Courriel: 12 Mai 2008

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Cher X,

la réussite semble jalonner l'itinéraire dans tous les chemins convenus. Mais il est un domaine où c'est l'échec qui mène à la destination, car le vieil homme doit échouer à se perpétuer lui-même, et il veut survivre. Alors, après s'être approprié la matière, après avoir conservé l'idée qu'il fallait se sentir supérieur par la notoriété, le vieil homme cherche la vérité pour son usage perso, et engraisse les animateurs du Nouvel-Age. C'est de bonne guerre, et une chance pour certains d'être séduits par le cosmos, et de le reconnaître au-delà de leurs mobiles gourmands. Il y aura néanmoins toujours des êtres qui ne verront pas l'intérêt de se séparer de la totalité, et c'est eux que le Divin choisira, par définition, ceux qui auront renoncé à toute appropriation subjective du réel. En travaillant indéfectiblement à la jonction du moi et du non-moi, ils deviennent les serruriers du mystère, essaient des milliers de clés pour pousser les portes des arches divines, et jamais ne se découragent. Ils ont perdu toute ambition, et seul l'amour les guide. Ils bricolent leurs clés sans que personne ne s'en doute, et s'essaient à toutes sortes de serrures, car la réalité n'est pas avare de champs à découvrir, d'espaces à explorer. Leur cerveau travaille pour autre chose, déjà, et nul ne s'en aperçoit. On les prend pour des rêveurs, et ils s'enracinent dans le subtil, le vrai levier des choses. Et puis un jour, las, mais sereins, ils reconnaissent (la conscience tranquille, saturés de persévérance, étant allés jusqu'au bout d'eux-mêmes), qu'ils n'ont pas la clé... Et, à ce moment-là, tous les murs s'effondrent.

C'est à eux qu'on doit le tracé de l'itinéraire suprême.

Personnellement, j'autorise chacun à suivre la voie qu'il veut, qu'il invente, qu'il fantasme, qu'il convoite ou imite... Tant qu'il ne cherche pas à me détourner de mon chemin. Croyez bien que si la Terre se portait bien, comme au sixième siècle avant J. C, où Lao-Tseu et Héraclite semblaient être reliés par télépathie, pour célébrer l'arrière-plan, je ne me donnerais même pas la peine de témoigner du Supramental. Je récuse donc le terme de prosélyte dont vous m'affublez, comme si vous supposiez que mon site était destiné à recruter des «croyants du supramental», ce qui est absurde par définition.

Je témoigne, car quelques-uns comprendront à travers moi que la vie et l'humain sont promis un jour ou l'autre, à une véritable existence digne de ce nom. C'est cette intuition imprescriptible, celle de la noblesse absolue de la vie humaine, en dépit des aléas historiques, qui permettra de supporter la société actuelle, aussi bien que la flagornerie des petits esprits qui ont réponse à tout, et vous harcèlent puisque vous voyez plus loin que votre bonheur spirituel ou le leur. La destination divine de l'espèce, c'est ce que je vis, et le supramental fait face sans effort aux diverses menaces qui pèsent sur l'avenir proche, et je m'en ouvre aux amants de la Terre. Il révèle le Mystère suprême: cette mine d'or devant soi, le présent, foncièrement indéterminé, malléable, pur et brut, que toute l'humanité ou presque confond avec un bien personnel, lui interdisant de révéler la nature de ce qui est.

Le supramental justifie l'existence de ce que l'on ne veut pas recevoir et qui nous permet de grandir — les obstacles —, nos collaborateurs les plus exigeants, que vous considérez encore tels des adversaires, car ils vous dérobent la jouissance subjective du présent que vous voudriez faire vôtre, comme s'il devait vous appartenir et vous rassurer, tel un fidèle caniche. Il suffit de lâcher prise, quand rien ne nous appartient, nous possédons tout.































Courriel: 21 Février 2008

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Mutation génétique

Chere S,

physiquement, cela traîne un peu, j'ai encore des quintes de toux, mais elles s'espacent, et je me sens vraiment bien intérieurement, elles n'ont pas fait cesser l'effet qui s'est produit depuis le début de l'année. J'ai encore eu un gros sanglot d'une minute tout à l'heure, quand j'ai réalisé qu'une force inconnue était parvenue à me priver de ma «note naturelle», cette joie inconditionnelle d'exister, sans exubérance, de février 98 à Novembre 2006 ! Je crois que les choses se précisent dans l'explication à fournir. L'andropause a foutu un chaos incroyable dans mon enveloppe charnelle, car le corps était déjà habitué au supramental, et quand il est passé du côté de la déclinaison vers la mort, j'ai été pris en sandwich et écrasé, entre l'entropie mortelle (dégénérescence) et la néguentropie supramentale (travail vers l'immortalité physique).

Je me demande maintenant quelle force va pouvoir à nouveau me priver de ce que j'ai retrouvé, et comment consolider ma vibration naturelle afin d'y faire face. Certes, je suis resté «moi-même» sans cette note, naturellement, mais mon contact avec le non-moi était quand même altéré, sans compter tous les états d'âme négatifs qui parvenaient à s'imposer, parfois une journée entière, à intervalles quasi réguliers, presque un jour sur trois en moyenne...

J'ai tenu le coup avec le mantra, la rigueur, la discipline, puisque j'ai eu des tentations vitales assez violentes pour en finir.

Cette fois, je suis convaincu qu'il existe bien un «mental génétique». Il faudra que je m'en explique amplement, mais une chose est certaine maintenant: j'ai récupéré le bon mental génétique de mon père à Shanghai, en novembre. Je me souviens très bien de la sensation, je contenais la mentalité de mon père à l'intérieur de moi-même, et j'ai pu voir instantanément pourquoi mon père a été obligé, quasiment, de me rejeter. L'expérience a duré plusieurs jours, parfois j'étais obligé de pleurer devant une telle merveille: cet être assez ordinaire, qui m'a toujours mis des bâtons dans les roues (ce serait extravagant de raconter tout ce que mon père a essayé de m'empêcher d'accomplir, mais j'y reviendrai) m'a légué son mental génétique, qui, épuré par la force supramentale, débarrassé de toutes ses scories, est un mental complètement amoureux de la vie. Mon père était accro à l'existence, mais comme il n'avait pas su contrebalancer cette addiction par la vie intérieure, il avait une peur bleue de la mort, qu'en fait, il n'a jamais acceptée, jusqu'à se couvrir de ridicule, en râlant sur le décès d'un de ses amis, plus âgé que lui, parti à plus de quatre-vingts ans... On aurait dit que la vie se permettait de le contrarier et qu'elle n'avait pas le droit de le faire, c'était vraiment pitoyable, comme si quelque chose en lui n'avait jamis voulu grandir... Grabataire, suite à une rupture d'anévrisme, il a survécu trois ans, dont six mois nourri par le ventre... Il était morbide et hypocondriaque, sans doute pour essayer de s'immuniser... Il est mort très étrangement au moment où moi-même essayait une dose homeo d'aconit trente CH, en avril 2001, qui m'a fait plonger très bas, toujours dans l'espoir d'en finir avec les «artifices génétiques» qui me torturaient une nuit sur trois depuis plus de trois mois.

Il parlait avec complaisance de toutes ses maladies, nombreuses, se répétait sans cesse, avec des récits structurés sur ses problèmes de santé. Toutes ses conquêtes finissaient par le fuir rapidement (après son divorce d'avec ma mère) et il se faisait tout un cinéma avec le cancer de la prostate qu'il essayait de prévenir, les dix dernières années de sa vie.

Il n'y a qu'en récupérant son mental génétique, il y a trois mois, que j'ai compris toute son existence, puisque j'ai senti comment il voyait lui-même la vie. Au moment où c'était le plus fort, je me voyais moi-même avec ses propres yeux, c'était émouvant, inconnu comme sensation, vraiment extraordinaire. Je voyais comme lui, et seulement comme lui, et donc j'apercevais bien qu'il ne pouvait pas me voir tel que j'étais. Pour lui, ma désinvolture, c'était de la paresse. Il jugeait que je ne me donnais pas les moyens d'être à la hauteur de ce que procure la vie comme satisfactions. Lui-même avait eu beaucoup de mérite pour sortir de sa condition, il s'était acharné pour devenir ingénieur, il se vantait d'avoir été major de sa promotion d'aviateurs, et la guerre a cessé au moment où on allait le lâcher dans les airs avec un zinc de chasse. Il voyait dans la prospérité, la bonne chère et la notoriété, de véritables délices. Bref, il appréciait l'existence autant que moi, mais à un niveau inférieur, que je ne pouvais pas imaginer, comme lui ne pouvait pas comprendre mon amour de la réflexion, ma passion pour l'intelligence, mon éclectisme. Mon père m'a pris plus ou moins pour un pauvre type, trop intelligent, mais surtout trop faible pour s'abaisser à gagner sa vie (j'ai abandonné en maîtrise de lettres, mais déjà je ne valais pas grand-chose à ses yeux, je n'avais pas d'appétit de vivre...) Il ne m'a sans doute jamais pardonné de ne pas avoir eu d'enfant, car son nom, par ailleurs peu sonnant et au signifié assez obscur, va s'éteindre... Sa vie d'adolescent à lui avait été marquée par la faillite de son père, qui avait capoté après avoir créé une biscuiterie, roulé par son associé. Cet événement avait déstructuré sa mère, et son père ne s'en serait jamais remis, mais il semble qu'il y ait un secret de famille sur cette histoire. Mon père s'est «fait» dans l'effort en aidant ses parents ruinés à reprendre une simple boulangerie pour laquelle il travaillait tout en continuant ses études (Effort, volonté, mérite, travail, famille, richesse...).

Ces moments de dialogue entre lui et moi à Shanghai ont duré trois ou quatre jours. Je soupçonne le supramental de mettre à ma disposition le meilleur de cette mémoire génétique, afin qu'elle ne s'oppose plus à mes propres prérogatives, alors c'est peut-être extraordinaire, car cela voudrait dire qu'on peut briser les malédictions ancestrales, qui constituent une partie des survivances dynamiques que le supramental dissout. Ce qui est certain — c'est aussi noté heureusement — c'est que la force a attaqué le mental génétique de ma mère en 2003 à Amed, à Bali, et c'était un mental purement et simplement de mensonge. Cela a été une expérience extraordinaire aussi, mais je n'ai pas eu l'impression de récupérer la dynamique positive de ce mental pour le moment. Et ce qui est certain, c'est que la force travaille encore sur le mental génétique de la mère de mon père, d'une saleté incroyable. Elle était maso, souffrait énormément, parlait en geignant ou geignait en parlant, on n'a jamais su exactement. Je sais qu'elle est encore là dans ce poumon droit ou ces bronches du côté droit, qui m'ennuient presque tout le temps. Mais le travail continue, et c'est l'essentiel.

Je m'en confie à toi, qui peut comprendre cela, car ce qui compte c'est l'avancée du supramental, et il faut bien la consigner un peu pour ceux qui viendront après moi. Si l'on survit plusieurs années à la perte de sa «note personnelle», au cas où le Divin l'exigerait, je crois qu'on a une chance de creuser assez loin. Ce que je veux dire, c'est que c'est normal d'être découragé dans cette entreprise, même avec une foi indéfectible, tant cela creuse profond. Il n'y a pas de honte à vouloir, parfois, jeter l'éponge, c'est la réaction du rajas qui plafonne, et qui exige du répit.

Si l'on veut faire ce yoga en ligne droite, c'est bien comme intention, mais je ne vois pas qui peut en être capable. Hallaj, peut-être, s'il revient. Il peut y avoir des périodes pénibles où l'on avance, mais sans joie, et elles finissent par faire douter du but, car sri Aurobindo nous rebat les oreilles avec l'ananda! Alors il faut savoir... Et surtout continuer à accepter la loi de la Manifestation, tout n'existe que par son contraire, et l'ananda le plus sublime n'est pas disjoint de souffrances drastiques, qui le strient d'atermoiements, à intervalles réguliers ou non. C'est la loi. Depuis que j'ai retrouvé ma «note perso», j'estime que j'ai une chance extraordinaire, et chaque moment est vécu dans la gratitude. Après 9 ans de «tranchées sur le front», cela fait vraiment plaisir, crois-moi.

Le supramental, ou comment le Meilleur conjugue le pire, jusqu'à transformer la masse en énergie, et le passé en avenir...

Je pense faire figurer cette lettre sur le site, car tu n'es pas la seule personne à te libérer des représentations alléchantes du supramental, ou au contraire rébarbatives, et qui est sensible à mon expérience, bien que personne n'ait pu la certifier conforme, et qui en sent néanmoins l'authenticité. Et je considère que cette expérience de Shanghaï est assez importante, et qu'elle me remet peut-être sur la voie d'une régénération physique...

Tu peux donc profiter de ces informations sur le «mental génétique», avec d'autres qui n'ont pas froid aux yeux, et qui ont dépassé le mythe de la réalisation personnelle (pour beaucoup le «supramental» c'est quelque chose qui leur permet de se regarder dans la glace sous leur meilleur profil, et ils le convoitent divinement, si j'ose m'exprimer ainsi, oui, j'ose, salut Michaux!).

Naturellement, pour les puristes qui ne voient pas le lien avec le discours de Sri Aurobindo, je leur mets les points sur les i en leur permettant d'identifier les expériences dont il est question ici avec le terme employé par l'avatar lui-même: nettoyer l'ashvatta.

D'ailleurs «nettoyer l'ashvatta» comprend d'autres opérations que celles mentionnées ici, mais ce n'est pas le moment d'en parler. Je préfère évoquer ce qui est frais, soit le retour à ma note perso, et peut-être l'intégration d'un mental génétique pur, à ma propre perception de la réalité. C'est déjà pas mal pour ceux qui s'intéressent à la matière, et qui ont compris que le corps était constitué d'atomes dont les combinaisons pourront un jour se transformer rapidement.

Nettoyer l'ashvatta, c'est ce que je fais malgré moi, pour le moment, et, sans blague, comme disait mon père, cela vaut vraiment le coup.

A bientôt sur le web...Nat































Courriel: 11 Décembre 2007

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Quelques personnes m'écrivent et ont le courage de m'avouer qu'elles souffrent. La seule chose que l'on sache vraiment sur la souffrance, c'est qu'on ne l'a pas demandée. Vous vous rendez-compte de ce qu'elle se permet la souffrance! Elle s'invite!

Reprenons tout depuis le début. La souffrance, c'est quelque chose qui se présente alors qu'on ne cherche pas du tout, mais pas du tout, à la rencontrer. C'est une mauvaise surprise. Bien. Ne vous-est-il jamais arrivé de vivre des choses que vous n'attendiez pas et qui ont été merveilleuses, aussi merveilleuses qu'inattendues? Je ne sais pas, moi, une rencontre amoureuse qui n'aurait jamais dû se produire, un livre qui vous tombe par hasard dans les mains et vous procure une prise de conscience magistrale, cette émission attrapée en zappant et qui soudain vous fait vivre un divertissement riche et plein, qui vous manquait. Ou alors ces moments de grâce qui parviennent de je ne sais où, que vous ne recherchiez même pas, et qui débarquent à l'improviste...

Croyez-vous qu'il soit raisonnable de considérer la chance comme un dû, et de s'insurger contre toutes les manifestations inattendues et soi-disant préjudiciables que la vie nous soumet? Si nous acceptons l'imprévu merveilleux, au nom de quoi refuser l'imprévu désobligeant?

L'imprévu n'est-il pas l'imprévu, comme la journée entière comprend la nuit et le jour?

Okay, mettez la souffrance à la porte, supposons que vous y parveniez, je ne donne pas cher alors de votre «chance», et j'irai même jusqu'à me complaire à imaginer que l'imprévu, pour vous, ne sera plus jamais merveilleux, riche d'enseignements, profondément révélateur. En tout cas, c'est ce que je vois: Des gens qui ne souffrent plus, qui ont rétrogradé, grâce à une persévérance toute saturnienne, jusqu'au stade du rhinocéros moyen, eh bien, question insights, illuminations, dilatations fusionnelles dans les fréquences divines, ça se pose là... Avec l'invulnérabilité, est arrivée aussi, dans le même paquet-cadeau, l'insensibilité totale à l'âme du jour, à la réceptivité vraie (celle qui ne se contente pas de juste se refléter, mais qui s'élargit sans cesse à capter de nouveaux flux vibratoires), et le gain me paraît alors minable: on ne souffre plus, d'accord, mais l'anesthésie générale qu'on s'est infligée a totalement émoussé les facultés des antennes, disons plutôt de l'aura, qui vit en circuit fermé.

Faut-il pour autant cultiver la souffrance pour parvenir à de meilleurs résultats dans la réceptivité? Eh bien, non, ce serait trop facile. D'abord ce serait un calcul, et plus empiriquement, je ne sache pas que les fakirs soient nécessairement des maîtres spirituels.

Et puis il y a la grave question du résultat. On en a parlé dans les journaux, à l'époque... Cet homme qui est resté le bras tendu vers le haut pendant douze ans, en Inde of course, pour parvenir à l'illumination, et qui n'y est pas parvenu... Maintenant son bras ne bouge plus, il reste paralysé, dans le sens obligatoire du ciel. Va-t-il recommencer avec le bras qui lui reste? Peut-être que Dieu, dans sa compassion infinie, lui donnera-t-il l'illumination au bout de six ans seulement, jour pour jour, pour récompenser la persévérance?

Je sais, ce n'est pas drôle du tout, et bien que je récuse le moyen et la forme, je doute que cet homme soit n'importe qui.

L'idée d'en rajouter pour s'immuniser est quand même dangereuse, et le masochisme tend la perche aux âmes fortes qui veulent utiliser la souffrance comme un marche pied.

Quand elle s'absente, ils sont un peu surpris, ça les gêne, ils perdent leurs bonnes habitudes, heureusement, Saturne veille, encore lui, et ils pensent à mettre des cailloux dans leurs chaussures pour mieux profiter de la longue promenade.

Ne nous égarons pas hors sujet, la question est grave, que je sache, c'est celle de la souffrance, qui rappelons-le, s'invite. Quel culot! Que voulez-vous que je vous dise, que moi-même je n'ai pas souffert, et que je ne peux pas «comprendre»... Ce serait une hypothèse gratuite, car la raison majeure pour laquelle je ne mets pas mon jourrnal en ligne, c'est pour vous épargner, justement, enfin aux âmes douillettes, de voir que le yoga supramental déborde à ras bord de souffrances, heureusement proportionées aux états célestes, lumineux, divins and so on, mais elle peut être là, et même s'acharner.

Donc, la souffrance, oui, nous connaissons, bien sûr, c'est étrange d'ailleurs l'euphorie qui suit sa disparition, et que bien des humains ne savent ni apprécier, ni prolonger. Moi, je fête toujours ça, sa fuite, et je le fête tellement bien que l'idée qu'elle revienne ne me dérange plus... Je sais que je ferai une fête encore plus somptueuse après sa prochaine attaque. Je suis né «mordu de l'existence», contrairement à Satprem qui ne s'en est jamais contentée. J'ai toujours trouvé cela tellement extraordinaire de vivre avec ce logiciel du moi qui perçoit et se pose des questions, que j'ai pensé que c'était possible d'abolir la souffrance, non seulement pour moi, mais pour l'humanité entière. Je me suis mis à cette tâche très jeune.

Je ne supportais pas de voir d'un côté la merveille de la vie, sentir, respirer, voir, entendre, imaginer, comprendre, aimer, et de l'autre l'ignominie humaine. Cela m'a torturé, quand je ne me laissais pas aller à percevoir, c'est-à-dire rarement mais régulièrement, qu'il y ait une telle contradiction sur la Terre... De fil en aiguille, le chemin s'est ouvert... Et la souffrance est devenue une sorte de compagne souvent très docile, «elle s'écrase souvent», mais quand même suffisamment forte pour me terrasser quand elle le souhaite.

C'est ce que j'appelle «les trous de souris».

Jésus parlait du chas de l'aiguille....

La seule vraie question est celle-ci: si nous souffrons intelligemment, est-il possible de progresser sur le chemin de la non-souffrance? Peut-on inclure la souffrance dans le développement évolutif qui tend à l'ananda, la plénitude? Je suis catégorique: oui.

Premièrement, la souffrance cherche à nous intimider, c'est ce que j'appelle «la peur de la peur», et qui est bien pire que la peur elle-même. La peur véritable a le mérite, comme toutes les identifications, de s'appuyer sur un objet. La peur de la peur se mord la queue, et l'idée de «l'obstacle à souffrir», non seulement renchérit quand la chose se présente, mais parfois va le chercher. La peur de la peur part à la pêche de ce qui va enfin légitimer son élan. C'est amusant pour un psychologue, moins pour celui qui vit cela.

C'est le jour où ça ne va pas qu'on prend pour un serpent, à la tombée de la nuit, un cordage oublié. La souffrance intelligente, déjà, se débarrasse de la peur de souffrir, qui empêche son usage transcendantal. Quand il ne reste que la vraie souffrance, elle est prise pour ce qu'elle est. Un empêchement. Ni plus ni moins. Et voir ce qu'elle empêche montre ce que l'on souhaite obtenir. C'est donc, avec le plaisir son opposé, le moyen évolutif le plus efficace pour s'ancrer dans la Manifestation, et leur jeu, leur réciprocité, permet de sans cesse transformer ses propres mobiles, les sources de ses satisfactions, et les moyens de les obtenir.

«Méfie-toi d'un homme qui n'a jamais souffert», nous dit sri Aurobindo, dans un de ses aphorismes. Il n'explicite pas. Cela implique certainement, premièrement, qu'il a souffert lui-même, deuxièmement qu'il en a tiré parti. Bien sûr, il ne s'en est jamais vanté, et c'est Mère qui le rappelle, après son «départ», dans les années cinquante. Il insiste même tellement sur l'ananda, qu'il s'agit là, pour le mental, d'un paradoxe. En fait, comme le supamental récupère aboslument tout dans son intelligence infinie, il est indubitable que Sri Aurobindo ait trouvé son «emploi», c'est-à-dire son utilité, en tout cas pour lui-même, car il ne s'agit plus de la justifier par principe. Gautama s'y était déjà attelé, de belle manière, et je suis certain de ne pas le trahir en résumant sa vision: de toute façon, la souffrance est là, de par notre condition, alors on l'accepte, on la regarde, et l'on a une chance de s'en sortir, ou alors on la refuse, on vit en surface, et elle vient nous surprendre quand elle veut, sans qu'elle soit jamais éradiquée.

Bouddha a eu l'audace de fonder la souffrance comme le produit naturel de l'ignorance. Autrement dit, tu n'as pas choisi de souffrir, mais tu peux choisir de t'en affranchir.

À ceux qui se plaignent de souffrir, je leur dirai: «comment combattre un ennemi que l'on ne connaît pas?».

Nous combattons tous la souffrance, dès que nous sommes sincèrement établis dans la Voie (qu'on m'épargne de nommer les différents itinéraires, d'autant que chaque jour davantage le Divin oblige à trouver sa propre voie), et nous le faisons pour nous, et pour la TERRE, qui part en brioche. Que la souffrance cherche parfois à s'acharner sur les meilleurs, c'est normal. Les meilleurs veulent sa mort, elle se défend la bougresse. Alors bienvenue à la souffrance.

Ce n'est même pas la peine de l'appeler, elle s'invite.

Et puis un jour, de fil en aiguille, la souffrance, même si elle est là, même si elle nous épie, prête à bondir, un jour, même présente, elle ne fait plus mal. Le Divin est capable de tout.































Courriel: 4 Avril 2007

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   Cher C, je ferai peut-être figurer ce courrier dans le site, car j'ai de nouveaux visiteurs très motivés, et compte augmenter mes interventions. Bien sûr, l'idée que quelque chose a été twisté pour nous priver d'une évolution divine naturelle a déjà été formulée, et cela semble vrai. Si la conscience vient d'en haut, pourquoi le retour vers l'origine est-il si difficile? Sri Aurobindo répond tout le long de Savitri à cette question, cela reste néanmoins flou, bien que convaincant. Des «forces» s'emparent du besoin de lumière, à différents étages, et nous souffrons. Les aspirations sont réelles, mais, dès qu'elles s'expriment elles rencontrent des adversaires.

Il n'y aurait qu'à l'époque des «âges d'or» où le retour serait moins compromis, et une chose est sûre, nous n'y sommes pas encore, pas tout-à-fait. Il est vrai qu'une action positive du conscient sur le subconscient permet déjà d'éclairer une partie sombre de la psyche, celle qui dramatise les événements non gratifiants, pour créer en fin de compte le personnage de la victime. J'ai moi-même recommandé la lecture de Murphy à la fin d'une rencontre, toujours dans le même esprit de faire feu de tout bois pour évoluer,en récupérant, au passage, la pensée positive, pour la hisser à un niveau informel, pour la décharger de combler des attentes précises, ce qui reste dans le cadre de l'ego et non celui de la libération. Il existe réellement un subconscient «propre» et l'idée est de le charger dans le sens que l'on veut, tandis que le subconscient se charge de saletés, qu'il conserve, dans les trauma, les souffrances, les accidents, les déceptions, les blessures narcissiques. Freud l'a démontré, et j'évoque dans guérir par l'éveil des expériences incroyables produites par le supramental, surtout en 2002 et 2003, où je me lève mal dans ma peau, sans raison, et me voilà obligé d'attendre un ou deux jours, dans un vrai malaise, pour comprendre, et d'un seul coup ça fait pschitt, comme une bouteille de champagne qu'on agite et dont le bouchon devient un projectile. Deux jours d'états d'âme nauséeux pour libérer une mémoire très négative de la petite enfance, d'où une petite régression émotionnelle, quelques pleurs, et voilà que le dossier est effacé, comme quand on jette quelque chose à la corbeille sur son ordi. Oui, le subconscient est un disque dur biologique, et il ne laisse rien passer, il enregistre. Il faut donc trouver des procédures pour dé-dramatiser ses opérations, et c'est ce que les sages ont toujours dit, votre maison brûle, cela vous donnera l'occasion de déménager, vous chutez spirituellement, cela vous donne l'occasion de vous relever et de mieux apprécier la force de l'adversaire.

Mais la vraie question, c'est que la programmation du subconscient demeure une procédure pragmatique, et cela atteint un jour ses limites. Ce que j'appelle la foi inconditionnelle, c'est encore plus fort, car elle ne meurt pas, même au fond de l'enfer, elle demeure, peut-être pas intacte, peut-être même amochée, mais elle persiste. Je ne peux même pas dire sur quoi elle s'appuie, et si elle s'appuyait sur quelque chose, cela pourrait se dérober. Il faut qu'elle ne s'appuie sur rien, et là, on ne peut rien faire contre elle. Peut-être que déjà, c'est quelque chose qui échappe au mental, car quand le mental a tous les éléments pour déclarer forfait, cette foi persiste et signe. Il se peut qu'elle soit indispensable pour franchir des passages étroits, se relever après des chutes et des désillusions terribles, car il est vrai que les hauts états spirituels ne s'atteignent pas n'importe comment. Je dis que les efforts ne servent pratiquement à rien, ou comme de simples entraînements quand ils sont indispensables, mais savoir rencontrer des obstacles de plus en plus difficiles «sans baisser les bras», ça c'est autre chose. C'est vrai que le subconscient veut nous berner et jeter l'éponge, que le mental abandonne avec de bonnes raisons, et qu'on est toujours à la recherche d"une formule magique, ce que vend le développement personnel décliné en de multiples formes, pour s'en sortir quand ça va mal, ou aller plus vite en temps ordinaire. Mais j'en reviens toujours à l'essentiel, et d'autres éveillés contemporains disent à peu près la même chose, à force de cerner le manque et d'échouer dans les manières de le combler, une autre intelligence se met en place. Et celle-là, elle ne revendique rien. C'est révolutionnaire, c'est la trace de l'être pur, qui ne vit que pour vivre, sans objet, sans but, dans la félicité de l'existant. Nous disons que cet être n'est pas mental, car il n'a plus besoin de penser. Mais il subsiste des formulations qui relient l'intérieur à l'extérieur, d'une extrême finesse, d'un désintéressement absolu, des formulations qui ne tendent à rien, sauf si on les bricole pour leur conférer une valeur didactique, par exemple. Mais, dans le fond, on ne s'acharne plus à rien, ce qui fait qu'on trouve, pour boucler sur la fin de ta lettre, que les philosophes prennent vachement au sérieux leurs difficultés pour s'approprier le sens des choses. Le sens des choses leur manque, et donc, normal, ils veulent s'approprier ce sens, puisque il n'est pas là, le bougre. Alors que la voie qui semble authentique aux éveillés, ce n'est pas l'appropriation du sens, mais la libération même du sens des choses. L'être voit spontanément le sens des choses, en grande partie, mais il s'en tamponne complètement. Ce sont des mille-feuille de sens enchevêtrés, des combinaisons innombrables de causes et de finallités réunies, des arborescences infinies de significations, et tout cela ne mène à rien: c'est juste l'état du réel, ou l'état du samsara pour les orientaux.

En fin de compte, les philosophes vraiment fûtés en ont marre de l'objet, quel qu'il soit, et pour deux raisons fondamentales, l'une c'est qu'on ne peut pas en faire le tour, il faudrait huit cent pages pour aborder les représentations principales du concept de liberté, par exemple, cinq mille pages autour de «Dieu» ne serviraient même pas d'amuse-gueule, donc l'objet, ce n'est plus sérieux, surtout depuis la mécanique quantique, de croire qu'on peut le cerner. Et surtout, l'objet ne fait que renvoyer au sujet: il en est le pur miroir. On finit par comprendre un jour ou l'autre, que la seule chose réelle qui nous échoit, c'est le «je», c'est le sujet, et que c'est le seul lieu où l'athnanor est réel. C'est une sacrée claque, et toutes les créations culturelles n'ont qu'un but: empêcher cette révélation du sujet à lui-même. Car il devient alors un être cosmique, conspue les lois, dénonce l'égoïsme et l'hypocrisie, et traverse tous les objets pour finalement rejoindre le sujet éternel, le purusha cosmique, le soi qui est le même en chacun, mais révélé chez très peu. C'est vers cela que nous allons, et c'est trans-historique, c'est possible à chaque époque, et cela n'a que très peu d'impact sur l'avenir. Comme des poissons qui s'évadent de la nasse, les éveillés ont trouvé l'issue. Il y en a qui reviennent dans la nasse pour montrer le chemin aux autres, mais tout le monde s'en fout, et même, souvent, on les empêche de ressortir. Alors je ne sais que penser de l'avenir, ni des opportunités de métissage et de fermentation intellectuelle que permet la France aujourd'hui. L'esprit français n'est pas réaliste et infiniment plus conservateur que ce qu'il imagine, comme le démontre François de Closets. En revanche, il déborde de générosité et d'idéalisme, et on se verrait bien légaliser tous les sans papiers et accueillir encore tous les réfugiés et laissés pour compte du monde entier, pour commémorer la prise de la Bastille. C'est une mentalité qui m'échappe, je ne peux pas me prononcer dessus, où il y a pas mal de flagornerie quand même et de coquetterie caritative, mais je me tue à le répéter dans les rencontres, c'est le lieu du monde le plus favorable à l'éclosion de l'individu «individué», et si l'on n'en profite pas pour s'affranchir des croyances et des clans, des politiquement correct et des correctement subversif, c'est que le dharma ne s'est pas encore pointé. Si nous allons dans ce sens, les choses vont bouger dans un sens ou un autre, surtout que Pluton ne va pas tarder à entrer en Capricorne, pour ramener sur le tapis la poussière qu'on a planquée dessous.

À bientôt,
Natarajan































Courriel: 21 Juin 2005

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       C'est inutile de cultiver une confusion entre les voies spirituelles, et bien qu'il y ait dans le bouddhisme des vérités et des réalisations trés intéressantes, cela n'a strictement rien à voir avec la descente du Supramental, qui est un phénomène cosmique et historique d'une importance autrement supérieure à quelque voie que ce soit. Dans la voie que je represente, la confiance dans le Divin est absolue, et nous cherchons plutôt à recevoir sa grâce par une vraie transparence dans le présent qu'à obtenir des résultats spirituels à partir d'un engagement acharné. Le lâcher-prise est donc la seule pratique vraiment infaillible, celle qui permet de se moquer des résultats obtenus dans la voie spirituelle, quels que soient les mérites que l'on possède et que l'on espère récompensés. Il vaut mieux s'ouvrir totalement à l'intelligence infinie et être prêt à tout pour elle, que s'imaginer découvrir une voie meilleure qu'une autre, qui serait alors une voie incomplète, sacrifiant certains aspects du réel pour se rassurer avec l'idee qu'on a enfin trouvé la bonne direction. Je te recommande donc de lire attentivement Mère et Sri Aurobindo, qui ont simplement essayé de sauver la Terre de l'humain, et qui pour accomplir ce sauvetage ont abandonné les précédentes réalisations pour s'aventurer les premiers là où la clé de l'avenir terrestre est vraiment révelée. Il ne s'agit donc plus pour toi simplement de te considérer comme un chercheur de vérité, mais de comprendre que même si le salut t'était donné, il ne serait que l'instrument d'une force qui veut racheter la matière pour donner aux êtres humains conscients la chance de pouvoir élever la nature et d'y faire évoluer la conscience. Si tu améliores ta simplicité et ton humilité, un travail considérable peut être produit sur ta personne par les forces de l'évolution. Le problème est que l'on a tendance à ramener à ses petites préoccupations personnelles ce qui est l'évolution de la Terre elle-même, ce qui est le progrès de la conscience elle-même, à travers nous. Le bouddhisme t'a certainement permis de comprendre que le détachement menait à une forme de conscience impersonnelle, libre et sereine, mais cela n'est plus suffisant aujourd'hui et la conviction que l'on doit devenir l'instrument du Divin doit prévaloir sur le but de se réaliser.