Chacun est libre d'inventer toutes sortes de raisons qui m'auraient poussé à créer ce site, sans se soucier de mon intention véritable. Il faut bien que le mental s'amuse à caractériser ce qui lui échappe, comme il l'a toujours fait, et il faut même qu'il en profite tant qu'il en est encore temps, puisque l'évolution décide de passer à autre chose. C'est-à-dire que je n'y suis pour rien si cette formidable énergie me comble et m'assaille, et me fait presque tous les jours tomber sur mes limites d'homme, que j'ai envie parfois de conserver, parfois de dépasser, tant la trituration est profonde. Alors pourquoi en parler ? Et pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi taire que je suis un singe pensant en mutation, et bien ce serait une bonne raison de rester muet car ce fait est difficile à établir: je n'ai pas de distinction physique spéciale, rien ne prouve ce que j'avance, et je tends la perche aux fielleux, qui se réhaussent en abaissant les autres, et qui commentent déjà mon autoproclamation suspecte, avant de se confronter à mes textes..
Ce n'est pas pour vous faire croire que je suis un mutant supramental que j'ouvre ce site, personnellement je n'en ai cure, c'est une simple représentation, une étiquette, c'est tout simplement que j'envisage sereinement être utile à quelques-uns. Oubliez l'auteur, et si cela vous intéresse, penchez-vous sur mes «œuvres». Moi-même, c'est ainsi que j'ai pu évoluer, en lisant, parce que je n'avais pas de maître sous la main, et que je ne voulais pas renoncer à trouver le sens «absolu» des choses, et figurez-vous que ça a marché. Certains livres m'ont ouvert la voie, et depuis je respecte infiniement l'écriture, et c'est la raison pour laquelle je prends un plaisir extrême à être un topographe de la voie suprême, à inventer des cartes pour explorer l'inconnu avec un peu moins de crainte — ou si vous préférez avec plus de confiance. L'inconnu ne m'a jamais déçu, je m'y suis engouffré, j'ai pu vivre avec un nombre de points de repères dérisoire pour un humain, et comme cette aventure a fonctionné, j'en témoigne.
Alors rassurez-vous je ne dis pas tout, ce serait décourageant, mais je laisse entendre quand même que certaines «traversées» sont difficiles, alors il faut que le voyage en vaille la peine, et cela c'est certain. C'est un changemant d'espèce qui est en cours, non un salut supérieur. Il resterait à expliquer pourquoi le supramental arrive plutôt aux êtres déjà réalisés qu'aux autres, mais sur ce point, c'est Sri Aurobindo qui a présenté la spiritualisation comme l'étape nécessaire pour aboutir au supramental. En ce qui me concerne, je crois qu'il ne s'agit là que de questions techniques, en rapport avec des lois physiques imprescriptibles. (On ne peut pas remplir ce qui est déjà plein). L'univers se développe d'une façon qui lui est conforme, et ceux qui peuvent comprendre ce développement sont ceux qui ont suffisamment renoncé à eux-mêmes pour être à l'écoute absolue du Réel, bien en amont des institutions inventées, des règles et des coutumes communes, des constructions de la pensée, et assez détachés des exigences de la nature, comme le désir. Et là non plus je ne vais pas m'acharner à prétendre que je fais justement partie de cette catégorie, comme par hasard, car ce que je suis et qui je suis n'ont strictement aucune importance. Toute ma vie s'est tissée toute seule pour m'amener là, et à une telle vitesse qu'au bout de trente ans, je n'ai pas vraiment «réalisé» ce qui m'arrive. Je dévale un torrent depuis 77, et à une telle rapidité que l'idée de m'accrocher à un rocher de passage est vaine, et je serais blessé contre la berge. Alors je laisse faire et ça continue, car c'est quand même le Divin qui est derrière tout ça, et mes multiples morts doivent donc bien servir à quelque chose. La conviction que ce travail est indispensable pour faire diminuer sur Terre tant soit peu la bêtise et la cruauté, voilà ce qui m'a permis de reprendre le collier après des épreuves puissantes, aussi, en toute logique, mon message s'adresse à ceux qui veulent utiliser leur réalisation, prochaine peut-être, à éclairer la Terre, et qui ne la voient pas comme une fin en soi. Pour moi l'espèce humaine est une espèce ratée, et restera une espèce manquée tant qu'elle ne débouchera pas sur ce qui lui permettra d'évincer la cruauté et la bêtise. Il se trouve que c'est le supramental qui me semble le moyen le plus approprié pour en sortir. Peut-être la conscience divine a-t-elle deviné que j'avais besoin d'elle ? |